Les 8 salopards (The Hateful Eight) – de Quentin Tarantino – 2015
Tarantino qui renoue avec le western après son Django unchained. Tarantino qui renoue avec le huis-clos explosif de ses débuts (Reservoir Dogs). Tarantino qui réunit une grande partie des acteurs qui ont marqué son cinéma depuis près de vingt-cinq ans… Bon sang, Tarantino tournerait-il en rond ?
La réponse qui suit tiendrait du « p’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non », pour être honnête… Oui, la mécanique du cinéaste commence sérieusement à être encombrante, avec ces dialogues qui n’en finissent pas, et cette complaisance un peu puérile avec une violence outrée. Son style et ses tics sont là, avec ce final qui verse allègrement dans le gore grand-guignol et l’outrance, avec des détails d’un goût douteux…
Tarantino avait-il vraiment besoin de ces ralentis outranciers qui feraient même rougir Peckinpah ? Et de ce bras qui pend, détail rigolo-gore qui relève de l’humour le plus gras. Comme s’il ne savait pas finir un film (en tout cas un western) sans verser des litres d’hémoglobines, ce qui pour le coup a une tendance à faire retomber illico la pression.
Il y a pourtant quelques éléments inédits dans ces 8 Salopards, qui surprennent dès la toute première image. Lui qui a l’habitude des ouvertures chocs commence son film par un long et lent travelling sans rien de spectaculaire. Comme le signe (trompeur) d’un certain apaisement, que souligne également la bande son, que Tarantino confie pour la première fois intégralement à un compositeur, Ennio Morricone (Oscar à la clé).
Les outrances sont d’autant plus agaçantes que Tarantino signe l’un de ses films les plus maîtrisés, chef d’œuvre de mise en scène, où son style dynamite le classicisme du genre. Comme souvent dans les derniers films de Tarantino, il y a cette sensation de vacuité qui revient régulièrement, tant il étire inutilement ses scènes. Mais il y aussi le choc esthétique, cette capacité qu’il a à faire des beaux plans, plaisir de cinéma simple, basique et précieux.
Il y a aussi le plaisir de retrouver Bruce Dern, Kurt Russel, Tim Roth ou Michael Madsen pour ses retrouvailles avec QT (pour la première fois depuis Kill Bill). Ou Jennifer Jason Leigh, à qui le cinéaste s’amuse à faire subir les pires horreurs tout au long du film. La pauvre reçoit un nombre incalculable de coups, se voit aspergée de seaux de vomis et de litres de sang… Pas léger, léger, non.