Alamo (The Alamo) – de John Wayne – 1960
John Wayne l’avait dans les tripes, ce film. À l’image de Davy Crockett évoquant avec ferveur l’effet que le mot République lui procure, la star s’y livres sans doute comme jamais. Davy Crockett (mais aussi Jim Bowie), c’est l’incarnation de l’homme américain tel que le voit Wayne. Alamo est plus qu’un baptême du feu derrière la caméra pour lui, c’est une sorte d’aboutissement, de synthèse, de sommet de tout ce qu’il a fait.
Bien sûr il a un paquet d’authentiques chefs d’œuvre derrière lui, et quelques-uns à venir, mais Alamo est son grand œuvre à lui : un film qu’il a porté pendant plus de quinze ans avant de pouvoir, enfin, en assurer la paternité. Première mise en scène, donc. Et du scénario de son complice James Edward Grant, il tire un western ambitieux, ample et intime à la fois, maîtrisé de bout en bout, et simplement formidable.
2h40 qui passent comme un souffle. Alamo est un film d’une fluidité parfaite. John Wayne maîtrise si bien son sujet que tout semble naturel, dans sa narration. Dans les scènes épiques, ou des centaines de figurants apparaissent, sa caméra épouse le spectaculaire décor avant de se recentrer sur deux, ou trois personnages, créant immédiatement une sorte d’intimité.
Le trio principale (Wayne, Richard Widmark et Laurence Harvey) et les second rôle (Guinn Williams, Hank Worden, Ken Curtis… que du bon) sont formidables. Mais la mise en scène l’est aussi. Les batailles, amples et fluide. Les face à face, intimes et pleins de tension. Les scènes nocturnes, surtout, d’une grande beauté visuelle… John Wayne réussit sur tous les tableaux.
Longtemps, la paternité du film a été mise en doute, la présence de John Ford sur le plateau laissant planer le doute sur les talents véritables de Duke. Il semble au contraire que Wayne ait confié quelques plans secondaires à son mentor, histoire de se débarrasser de cette présence écrasante. Alamo, c’est bien le film de John Wayne. Et c’est un chef d’œuvre.