La Vie facile (Easy living) – de Jacques Tourneur – 1949
Jacques Tourneur côté drame ? Ma foi, le fils de Maurice révèle des talents insoupçonnés. Loin du fantastique, du polar ou du western, Tourneur se montre très à l’aise dans un univers plus quotidien. Son film est même un modèle de mise en scène…
La première image donne le ton introduisant un couple fusionnel relié (et pas séparé) par un journal posé entre eux sur la table du petit-déjeuner. Ce genre de détails se retrouve tout au long du film, où l’histoire assez classique est constamment sublimée par de belles trouvailles de mise en scène.
Un dessous de soie qui tombe aux pieds d’une jeune femme, des rencontres successives dans un couloir entre l’ombre et la lumière, un poster qui domine la scène… Tourneur suggère autant qu’il raconte, et il le fait avec son sens de l’économie et de l’efficacité.
Victor Mature est parfait en star du football américain qui réalise que ses années de gloire touchent à leur fin, et qu’il va devoir apprendre à vivre autrement. Malgré une épouse avide qui ne cache pas son mépris pour les anciennes gloires, des ratés pour elle (Lizabeth Scott, excellente en peste antipathique).
Le film parle de l’acceptation, de ce moment où le corps dit stop, et où l’homme doit passer à autre chose. En d’autres termes, du vieillissement. Et ça a beau être suggéré, cela reste un thème rare dans le cinéma américain, et surtout dans la série B comme ici.