Doux, dur et dingue (Every which way but loose) – de James Fargo – 1978
Clint Eastwood qui fait des mamours à un orang-outan. Clint Eastwood qui envoie au tapis à lui seul une horde de bikers bas du front. Clint Eastwood qui s’amourache d’une tapineuse qui le prend pour un crétin… Pas à tort d’ailleurs : Clint joue un authentique crétin dans ce qui fut longtemps son plus grand succès populaire aux États-Unis, preuve, au moins, que l’homme a su comprendre ce qu’était aussi son pays.
Doux, dur et dingue est une étape pour le moins originale dans la carrière d’Eastwood. Une aberration, pourraient ajouter les grincheux. Mais ils auraient tort. En tout cas en partie. Cette comédie loufoque et décérébrée n’est pas inintéressante dans le parcours du grand Clint. Elle est une sorte d’aboutissement de ce qui était une vraie tendance dans son œuvre : la plongée dans une Amérique vraiment rurale, pas si souvent à l’honneur au cinéma.
Mine de rien, ce film s’inscrit dans la lignée thématique de Bronco Billy, voire de Honkytonk Man, autres films (majeurs ceux-là) mettant en scène des habitants de cette Amérique profonde. Mais aussi de Pink Cadillac, versant nanardesque de cette tendance eastwoodienne. Le film de James Fargo (réalisateur du faiblard troisième volet de Dirty Harry) est plutôt dans le ton de ce dernier : même humour pachydermique, même côté très exagéré.
Et même esprit macho gros cul, avec des dialogues d’un autre temps, comme celui-ci, qu’on doit à un Geoffrey Lewis au regard lubrique (toujours très sympa de retrouver ce fidèle de Clint, mais son regard est vraiment très lubrique ici…) :
« Vous voulez des melons ?
- Ils sont beaux… »
Manquerait plus que la bave aux lèvres…
Pourtant, pourtant, il y a quelque chose de très sympathique dans ce nanar. Peut-être pour le plaisir décomplexe que prend visiblement Clint Eastwood à jouer les ploucs un peu cons, et à donner la réplique à un singe. Et pour cette manière dont l’acteur envoie chier tous ceux qui lui avaient déconseillé de faire le film.
Doux, dur et dingue, c’est une virée pas finaude, mais sans doute assez proche de la réalité, dans cette Amérique des taudis aux jardins encombrés de vieilleries rouillées, où la bagnole, la bagarre, la bière et la country sont rois… Décomplexé, vraiment.
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