La Charge fantastique (They died with their boots on) – de Raoul Walsh – 1941
Ce pourrait être une sorte de traité du grand film hollywoodien dans ce que cela a de plus beau et de plus enthousiasmant, mais aussi avec ses limites. Les limites, c’est la grandeur d’âme que le film confère à la figure de Custer, héros de la nation, mort en martyr à Little Big Horn.
Dire que le film de Walsh oublie la dimension polémique et les aspérités (pour le moins) du gars serait exagéré. Custer, officier jusqu’au-boutiste ayant plus de révérence pour l’honneur et la gloire que pour la vie humaine… Cela transparaît tout au long de ce western fleuve. Comme transparaissent sa facette tueur d’Indiens, et un manque d’empathie pour les hommes du rang qu’il envoie inlassablement à la mort.
Mais tout ça reste largement au second plan dans ce qui est une hagiographie de Custer. C’est la réserve, mais elle n’est finalement pas si gênante. Parce que Walsh ne signe pas un documentaire, mais un pur film hollywoodien, et un modèle du genre même, aussi ample qu’intime, une sorte de miracle d’une fluidité absolue, d’un seul mouvement qui part de la comédie presque potache à la tragédie la plus noire. Avec une parfaite cohérence, comme un lent glissement à peine perceptible.
Walsh parsème son film d’étapes fortes, quand même, qui donnent une dimension épique et dramatique à ce portrait. Le départ plein de dignité des élèves sudistes de West Point alors que la guerre civile s’annonce. Puis la séparation de Custer et de sa femme, elle aussi digne et bouleversante. D’autant plus belle qu’elle marque aussi la fin d’une époque pour un couple de cinéma mythique, Olivia de Haviland et Errol Flynn, superbes.
Le film est une merveille de construction, une merveille de rythme. Un film assez audacieux aussi, qui ose des ruptures de tons assez radicales, et quelques effets inattendus comme ce regard face caméra d’un officier de West Point. Walsh est au sommet de son art, aussi bien dans les scènes intimes et légères (Hattie McDaniel qui hulule avec les chouettes) que dans les moments de bravoure (la bataille de Little Big Horn, extraordinaire).
They died with their boots on (l’un des très beaux titres de westerns, dans sa version originale) est un classique indémodable, un modèle du genre, un grand film. Point.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.