Duel au couteau (I coltelli del vendicatore) – de Mario Bava – 1965
Prenez Les Vikings de Richard Fleischer, prenez le Shane de George Stevens, mettez tout ça dans un shaker made in Italy, secouez bien, demandez à Mario Bava de servir, et vous obtiendrez, avec un peu de chance, quelque chose d’aussi enthousiasmant que ce Duel au Couteau, grand moment du film de genre à l’italienne.
« Film de genre à l’italienne », c’est-à-dire revisite de genres souvent typiquement américains. En l’occurrence le film de Vikings. Ou le western. Le film de Vikings à la mode western, disons. Mais c’est Bava qui réalise, un Bava au sommet de son talent, plus inspiré que jamais. Le scénario, qui doit aussi à la tragédie antique, est aussi simple qu’intense ? Sa mise en scène le magnifie, avec une virtuosité et, oui, une intensité remarquables.
Et quitte à devoir réutiliser le mot « intense », le moindre de ses plans, hyper dessiné et hyper percutant, rajoute à cette intensité en jouant sur la profondeur de champs, isolant un visage au premier plan en l’opposant au cadre qui l’entoure. Du De Palma avant l’heure avec une touche de John Carpenter. Un grand réalisateur, qui tire le meilleur de son manque de moyen : jamais ce manque de moyen ne vient amoindrir la force des images.
Cameron Mitchell, minéral et massif, est formidable (oserais-je dire intense ?) dans le rôle de ce voyageur mystérieux qui prend sous son aile la femme et le fils d’un roi disparu en mer. Un homme au passé chargé, forcément, confronté à son destin et qui ose rêver à un avenir dont on sait qu’il n’est pas pour lui.
Les scènes d’action sont superbement filmées, souvent en clair-obscur avec une utilisation très dynamique des décors. Mais si le film est si réussi, c’est que Bava sait ménager de longs moments apaisés, qui donnent de l’épaisseur à des personnages qui ne sont lisses qu’en apparence.
Le cinéma de genre italien n’est pas toujours hyper fin. Mais de ce niveau, ce cinéma si référencé se hisse à la hauteur de ses modèles. Avec un style fou, une certaine élégance… et une belle intensité.
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