Baisers volés – de François Truffaut – 1968
Désormais jeune homme, Antoine Doinel se cherche. Il va d’un boulot à l’autre, veilleur de nuit, détective privé ou réparateur de télé. Il vagabonde d’une prostituée à une femme mûre et mariée, tournant autour de l’amour de sa vie…
Et Truffaut filme des moments fugaces, des petits bonheurs et des doutes, de ces petits riens qui font les grands souvenirs. Il y a toujours quelque chose de ça dans Baisers volés : ce sentiment que les petits moments de la vie de Doinel sont avant tout des souvenirs qu’il se forge.
D’où cette étrange nostalgie qui recouvre ce film, pourtant dédié à la naissance d’un amour, et à la jeunesse, cet âge de tous les possibles. Douce nostalgie qui apparaît même dans les moments de pure comédie, à travers le regard grave d’Antoine, qui semble inquiet même lorsque, enfin, sa vie semble prendre un tournant apaisé.
Il est en tout cas irrésistible, gamin amouraché de Fabienne Tabard (inoubliable Delphine Seyrig), la femme du patron ; ou ricanant de l’autorité militaire. Irrésistible et touchant, conscient de la précarité de tout. Ce que Truffaut suggère d’ailleurs en filmant un Paris inhabituellement calme, et en basant son intrigue en février 1968, alors que la Cinémathèque française est en plein trouble… en attendant d’autres remous.
Nostalgique, mais léger, Truffaut filme des personnages hauts en couleur. La palme à Michael Lonsdale, extraordinaire en patron tyrannique, odieux et imbu de lui-même qui ressent « comme une animosité » dans son entourage.
Christine, le joli personnage interprété par Claude Jade, apparaît comme une douce incarnation de la stabilité qui a toujours fui Antoine… Le couple qu’elle forme avec Jean-Pierre Léaud est d’une beauté presque enfantine.
- Saga Antoine Doinel : Les 400 coups, Antoine et Colette, Baisers volés, Domicile conjugal, L’Amour en fuite.
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