Jungle Fever (id.) – de Spike Lee – 1991
Un noir à qui tout réussi: belle femme, chouette gosse, grande maison, et un boulot d’architecte dans un cabinet de blancs. Où il a, un soir, une aventure avec sa nouvelle assistante, une blanche, italienne, qui vit dans un milieu oppressant et très communautaire…
Le communautarisme, comme une traduction des préjugés et du sectarisme… Spike Lee ne se montre guère optimiste sur un destin commun possible entre noirs et blancs. Mais son film évite soigneusement tout parti-pris communautariste justement. Les noirs, les blancs, les catholiques, les juifs, les Italiens… A tous, la même défiance, le même pré-supposé raciste, à un niveau ou à un autre.
Spike Lee peut être un cinéaste très en colère. Avec Jungle Fever, c’est moins de la colère qu’une profonde tristesse qui se dégage, comme un sentiment de gâchis: histoire d’amour ratée, couple gâché, vie de famille sacrifiée… Chaque rapport humain semble basé sur un échec. L’échec d’un père (ces pères, quand même…), l’échec d’un fiancé, l’échec d’un frère, d’un fils, d’une mère, et même d’un ami qui n’a pas si tenir sa langue…
Le casting est beau autour de Wesley Snipes: Annabella Sciorra, John Turturro, Spike Lee lui-même, Samuel L. Jackson, Tim Robbins, Brad Dourif, Helle Berry et Anthony Quinn… Belle mise en scène aussi, avec quelques effets purement cinématographiques, comme des parenthèses: un rond qui se referme sur un détail, des gros plans sur deux personnes qui marchent et parlent face caméra, comme s’ils planaient…