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Minuit dans le jardin du bien et du mal (Midnight in the garden of good and evil) – de Clint Eastwood – 1997

Classé dans : 1990-1999,EASTWOOD Clint (réal.) — 23 juin, 2020 @ 8:00

Minuit dans le jardin du bien et du mal

Adoubé définitivement par Impitoyable, Un monde parfait et Sur la route de Madison, Clint Eastwood est un cinéaste plus libre que jamais quand il réalise cette adaptation inattendue d’un roman de John Berendt. Il en tire un film fleuve (2h30), l’un des plus longs de sa carrière, lent, quasiment sans action, et fascinant.

L’histoire : un écrivain new-yorkais accepte de se rendre à Savannah pour couvrir une soirée mondaine pour un magazine un peu chic. Mais après la soirée, le maître de cérémonie tue son jeune amant…

Une intrigue qui n’est qu’un prétexte finalement, pour retenir l’écrivain (John Cusack, sa grande époque) dans cette ville du Sud à l’atmosphère si particulière. C’est cette atmosphère qui intéresse Eastwood, comme une manière de mettre des images sur la musique et les chansons de Johnny Mercer, compositeur originaire de la ville, dont les chansons sont ici omniprésentes.

Et souvent, Eastwood la rend palpable, cette atmosphère. Grâce à la musique, aussi douce que les mouvements de caméra, grâce à ce léger vent qui fait bruisser les arbres, grâce à l’étrange faune qu’on y croise : un homme qui promène un chien mort depuis longtemps, une vieille mendiante qui communique avec les morts, un type loufoque qui se balade avec ses mouches attachées autour de la tête (le vieux complice de Clint, Geoffrey Lewis, génial), ou The Lady Chablis, authentique personnage local, haut en couleur.

Eastwood pose sur eux un regard bienveillant et d’une touchante simplicité. Un vrai plaidoyer pour la différence, mine de rien. Même Kevin Spacey, manipulateur un rien cynique, semble trouver grâce à ses yeux. Il est, c’est vrai, assez génial dans ce rôle.

La séquence du procès est sans doute un peu longue. Mais Eastwood y glisse une pointe d’humour bienvenue. La présence constante de Geoffrey lewis en arrière-plan, réjouissante, assure de toute façon l’intérêt.

Mais ce sont les scènes extérieures les plus réussies : ces moments où Eastwood prend le temps de filmer la ville, Savannah, avec ses grandes maisons d’un autre temps, ou plutôt hors du temps. Le personnage principal, c’est cette ville, sa lenteur, son aura, son atmosphère.

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