Ambush at Cimarron Pass (id.) – de Jodie Copelan – 1958
Clint Eastwood a enterré ce film en en parlant comme du plus mauvais western jamais réalisé. Affirmation quelque peu exagérée. Difficile de lui en vouloir quand même : Ambush at Cimarron Pass est effectivement un tout petit film assez médiocre. Et sans la présence d’Eastwood au générique, sans doute aurait-il disparu pour de bon dans les limbes hollywoodiens de l’oubli.
Tout petit film, donc, ne serait-ce que par son budget, avec lequel le réalisateur Jodie Copelan ne fait pas de miracle. Il n’a pas les moyens de payer des dizaines de figurants ? « L’armée indienne » qui menace les héros se limite à une dizaine d’hommes. Max. Il n’a pas les moyens de s’offrir des chevaux pendant plus de quelques jours (quelques heures ?) ? Qu’importe : nos héros marcheront !
Alors ils marchent, contraints et forcés par un budget ridicule. Et curieusement, c’est peut-être la meilleure idée du film. Ça et le fait de faire cohabiter dans le danger des soldats yankees et d’anciens confédérés, deux ans seulement après la guerre civile. Rares bonnes idées d’un film qui en compte pas mal de mauvaises.
Dialogues grotesques, personnages monoblocs, Indiens de pacotilles… Et le sommet : une femme littéralement livrée sur un plateau par les Indiens, sans aucune logique scénaristique, juste pour assurer une présence féminine au générique. Ce n’est pas un cas unique dans l’histoire du western, mais avec autant de légèreté… Margie Dean, actrice calamiteuse, ne fait rien pour sauver un rôle ridicule, affichant de larges sourires aguicheurs alors qu’elle vient de perdre toute sa famille dans des circonstances affreuses. Pas sûr qu’elle ait lu le scénario. Mais bon… ça permet d’avoir une actrice au côté du héros, joué par un Scott Brady d’un seul bloc.
Finalement, un seul personnage évolue au cours du film, et c’est celui de Clint Eastwood, troisième au générique pour ce qui est le plus important (en termes de présence à l’écran) des rôles de ses jeunes années. On n’ira pas jusqu’à dire qu’il est intéressant, ce rôle, ni même que lui-même s’y montre très à l’aise. En sudiste amer et plein de colère, il manque encore d’une vraie gravité.
Mais pour lui, la roue tourne après ce film, qui aurait pu lui coûter sa carrière. Découragé par un tournage visiblement chaotique et par la qualité discutable du film, le jeune Clint aurait pu arrêter les frais là, après trois ans de panouilles. Mais la chance allait enfin arriver par l’intermédiaire de la télévision, puisqu’il n’allait pas tarder à être choisi pour le deuxième rôle de Rawhide, qu’il tiendra pendant plus de 200 épisodes.
Ambush at Cimarron Pass est d’ailleurs son dernier rôle sur grand écran avant longtemps : il n’y reviendra que six ans plus tard pour un petit film italien, Pour une poignée de dollars. Il lui faudra même dix ans avant de tourner un autre film américain, un western d’une tout autre dimension, Pendez-les haut et court. Une autre vie…
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