Le Train Mongol (Goluboy ekspress) – de Ilya Traubert – 1929
Un mix génial entre Le Cuirassé Potemkine d’Eisenstein et le Snowpiercer de Bong Joon-ho… C’est à ça qu’on peut résumer ce chef d’œuvre immense qu’est Le Train mongol, l’un de ces très grands films de train qui ont marqué l’histoire du cinéma à travers les décennies, et les continents.
En l’occurrence, c’est du cinéma soviétique qu’il s’agit. Le grand cinéma soviétique, celui des glorieuses années 20. Et c’est un film d’une puissance incroyable. Cette force se ressent dès les tout premiers plans, où l’image est au service d’une ironie mordante : ces cartons annonçant les paysages bucoliques de Mongolie, suivis par des gros plans de personnages soumis, cloîtrés derrière des grilles…
Le film se passe intégralement dans une gare, puis dans un train, où on trouve tout ce qui fait cette Mongolie : des autochtones rabaissés à une condition à peine humaine, des militaires qui dont alliance avec de puissants occidentaux, et entre deux une population passive. Éternel thème de la lutte des classes, symbolisée par le train et ses différentes classes.
Quand ces différents mondes se croisent, c’est dans la violence, le sang et la mort. Et ils se rencontreront bien, après un déclencheur bouleversant et remuant : un jeune homme, vieilli prématurément par la vie, contraint de vendre sa sœur et ses petits frères à un esclavagiste, qui va se rebeller après l’humiliation de trop…
L’histoire est forte. La mise en scène et l’utilisation du langage cinématographique sont carrément ébouriffants, d’une intelligence et d’une puissance visuelle et émotionnelle rares. Gros plans plein de symboles, montage syncopé, surimpressions… Le rythme et la vitesse sont entièrement au service de la tension et du message social imparable.
Ilya Trauberg signe là un très, très grand film, l’un des sommets du cinéma russe.
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