Les Feux de la rampe (Limelight) – de Charles Chaplin – 1952
Les Feux de la rampe aurait sans doute été le plus beau des adieux pour Chaplin, une manière assez parfaite pour lui de refermer le rideau avec un drame, ou une comédie amère et pourtant douce, remplie d’évocations de son propre passé. Il fera finalement deux films de plus, on ne s’en plaindra pas…
C’est quand même le dernier sommet de sa carrière, le plus nostalgique de ses films aussi, mais d’une nostalgie à sa manière : à la fois très consciente du temps qui passe, et tournée vers les autres, vers la génération qui arrive tandis que lui est au crépuscule de sa carrière et de sa vie.
Chaplin y joue Calvero, un clown célèbre dont le personnage fétiche (un vagabond, tiens) a marqué des générations de spectateurs, mais qui a perdu le contact avec le public. Et tiens, le film arrive cinq ans après Monsieur Verdoux, premier film post-Charlot, que le public avait rejeté. De là à dire que Chaplin livre ses propres angoisses de ne plus être en phase…
Les signes, comme ça, sont à peu près partout. A commencer par le numéro de puces savantes, sketch sympa mais vieillot, que Chaplin avait déjà tourné en 1919 pour un film, The Professor, qu’il n’avait pas terminé. Comme si lui-même savait déjà que le numéro n’était pas à la hauteur de son talent.
Ce n’est pas un hasard non plus si l’histoire se déroule à Londres, là où Chaplin a grandi. Et en 1914, l’année de ses débuts devant une caméra. Pas un hasard non plus si la jeune danseuse qu’il sauve et qui se croit amoureuse de lui, finira vraisemblablement dans les bras d’un musicien joué par un certain Sidney Chaplin, le fils de…
Sans être autobiographique, Les Feux de la rampe est un film profondément personnel pour Chaplin, à la fois léger et grave. Capable, comme toujours, d’enthousiasme hilarant et de pleurs, dans le même mouvement. Mouvement particulièrement vif : Chaplin, cinéaste, est à son sommet dans ce film, notamment pour toutes les scènes se déroulant dans les coulisses du théâtre, brillantes.
Chaplin s’offre aussi un moment comique d’anthologie, premier (et unique) tandem avec Buster Keaton, son vieux rival du muet, qui a de beaux restes : il le prouve dans un numéro au piano pour le coup vraiment drôle. Sorte de chant du cygne avant les larmes. Mais le rideau ne retombe pas. « L’éclat des feux de la rampe, que doit quitter la vieillesse quand la jeunesse entre en scène », ne faiblit pas…
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