Uniformes et jupons courts (The Major and the Minor) – de Billy Wilder – 1942
Ray Milland troublé devant le charme d’une ado de 12 ans… Pour son premier film américain (huit ans après son très réussi coup d’essai français, Mauvaise Graine), Wilder signe une comédie pleine de rythme, mais aussi très politiquement incorrecte.
Certes, l’adolescente en question n’en est pas vraiment une, mais une jeune femme qui se retrouve prisonnière de son déguisement (qu’elle a choisie pour économiser sur le prix de son billet de train). Mais quand même… Derrière l’irrésistible regard de son œil paresseux, Milland se surprend peu à peu à voir celle qu’il prend pour une gamine comme si elle était une vraie femme. Et son trouble est communicatif.
Brillante comédie, qui repose sur le rythme bien sûr, mais aussi sur la sa prestation de son actrice principale, Ginger Roger, décidément très grande actrice de comédie, capable de singer les manières adolescentes tout en restant une vraie femme, jusqu’au bout des ongles, et sans jamais en faire trop.
Qu’elle écrase un œuf sur la tête d’un New Yorkais trop insistant (Robert Benchley), qu’elle passe des bras d’un très jeune cadet à ceux d’un autre, ou qu’elle tente d’échapper aux suspicions de deux contrôleurs de train, elle est d’un naturel formidable, à la fois pleine de vie et lasse du regard des autres.
Face à Ray Milland, cet « oncle Philip » qui la prend sous son aile en toute innocence (du moins s’en convainc-t-il), elle fait des étincelles. Son regard s’agrandit, son sourire s’élargit. Entre eux, l’histoire d’amour est amorale, indéfendable (du moins d’un côté). Wilder s’en amuse, se moque de la morale comme il le fait souvent. The Major and the Minor porte en germes tout ce qui fait la réussite de ses grands films à venir. Réjouissant.