Avanti ! (id.) – de Billy Wilder – 1972
Après l’échec public de The Private life of Sherlock Holmes, Wilder et son comparse I.A.L. Diamond retrouvent une veine, et un acteur, qui leur ont réussi : la comédie de mœurs, et Jack Lemmon donc, pour une plongée amoureuse dans l’Italie la plus séduisante qui soit.
Il y a aussi un peu de One, two, three dans cette histoire d’un riche héritier pressé qui ne quitte les Etats-Unis que pour récupérer le corps de son père, mort lors de ses vacances à Ischia, une petite ville côtière pleine de charmes.
Sauf que, très vite, Wilder glisse quelques détails décalés qui annoncent la dérive à venir. Dès la première séquence, dans l’avion, muette et brillante, la « Wilder touch » est éclatante : ce pull rouge affreux sur un fauteuil orange, l’homme d’église terrorisé à l’idée de s’écraser, ou cet autre passager aux verres de lunettes énormes… Des petits riens, mais qui donnent un ton, un décalage, irrésistibles.
Il y aura donc une dérive… Celle d’un homme dont la vie bien rangée va lui sauter au visage, non comme une claque, mais comme une bouffée d’air frais. Cet homme si pressé qui découvre que ce père si droit vivait depuis dix ans une histoire d’amour avec une femme rencontrée en Italie. Chaque année, après onze mois offerts à la société (et à la famille), les deux amoureux s’accordaient un mois de bonheur…
Déstabilisant, forcément, pour un homme qui ne laisse pas la moindre place pour la surprise ou l’imprévu. Surtout qu’il l’apprend en compagnie d’une jeune femme… qui s’avère être la fille de celle qui est morte au côté de son père. Et qui en sait plus que lui sur ce dernier. Une femme bien loin de son idéal, qu’il appelle « fat ass » dans un élan d’autoritarisme…
« Je ne sais pas si vous avez remarqué : j’ai un problème de poids.
- Oh oui, j’ai remarqué ! »
C’est qu’il est odieux, Lemmon, balançant mine de rien quelques horreurs (« All the time that we thought he was getting cured, he was getting laid… »). Odieux, et pourtant attachant. Wilder n’en fait pas un monstre. A petites touches, il laisse entrevoir une humanité dont on sait bien qu’elle va finir par prendre le dessus, le confrontant à un douanier trop zélé, ou à un coroner mécanique.
C’est un film très wilderien, dans son rythme et dans sa manière d’invoquer le passé des personnages (des morts, en l’occurrence). C’est aussi l’une de ces romances improbables, comme Sabrina, entre un homme très riche et une femme très pétillante (Julia Mills, irrésistible, et physiquement aux antipodes d’Audrey Hepburn). C’est enfin un film très beau, où la comédie la plus cartoonesque flirte souvent avec l’émotion. Enthousiasmant…
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