Les Amoureux sont seuls au monde – de Henri Decoin – 1947
Y a-t-il une scène d’ouverture plus belle que celle des Amoureux sont seuls au monde, dans toute l’histoire du cinéma ? Jouvet qui entre dans ce petit bar et qui aborde cette « étrangère » (Renée Devillers), et se présentant « parce qu’il faut nommer les choses… Chaise… horloge… Gérard Favier ! » Echange superbe et hors du temps : « Imaginez que vous êtes au cinéma… »
Hors du temps… Ce temps qui n’a pas vraiment de pouvoir sur l’amour de ce couple absolument magnifique. Tellement plus fort que tout, jusqu’à ce que l’article d’un journal à scandale sème ce petit germe du doute. Trois fois rien, en soi, et que ferait cet homme brillant, mais mûr, avec cette jeune femme si jeune, mais si jolie ?…
Le doute, la gamberge… une forme de fierté aussi. Après tout, pourquoi pas… ? Decoin excelle à glisser ces petits signes dans une histoire d’une simplicité totale, scénario et dialogues signés Henri Jeanson, qui jouent constamment de ce temps qui glisse sur les amoureux.
Superbe musique aussi, signée Henri Sauguet, aussi subtile et émouvante que l’est la mise en scène de Decoin. Subtil aussi, le scénario, chronique douce et romantique qui glisse imperceptiblement vers une gravité bouleversante. Subtile encore l’interprétation de Renée Devillers et de Louis Jouvet. Au cinéma, ce dernier a relativement peu tourné (une trentaine de films en vingt ans). Mais que de grands films, et que de grands rôles…
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.