La Nuit des juges (The Star Chamber) – de Peter Hyams – 1983
Michael Douglas n’est encore qu’une ancienne vedette de série télé (et un producteur oscarisé) lorsqu’il tient la vedette de ce petit thriller à la fois discutable sur le fond, et franchement séduisant sur la forme. Il y incarne un jeune juge malade de devoir libéré des accusés qu’il sait coupables, pour de simples raisons de procédures, et qui accepte de rejoindre un tribunal secret composé de juges qui ont décidé d’appliquer leur propre loi.
Le film flirte avec le vigilante movie, mais c’est pour mieux pointer du doigt les « imperfections » d’une justice personnelle et expéditive. Un peu comme si Un justicier dans la ville prenait subitement la route de Magnum Force. Sauf que, pas plus que dans ces deux films, le scénario ne fait pas franchement le choix de la nuance.
Que ce soit dans la première partie clairement destinée à nous asséner à quel point les jeux de prétoire sont déshumanisés, ou dans la dernière où c’est l’innocence de deux condamnés qui révèle au juge Michael Douglas son erreur, c’est à grands sabots qu’avance le film, et avec volupté qu’il passe à côté d’une vraie réflexion.
Cela étant dit, La Nuit des juges surprend et séduit à plus d’un titre. Parce que Michael Douglas est excellent, dans un rôle curieusement effacé. Et surtout parce que Peter Hyams y révèle des talents de cinéaste pictural qu’il ne confirmera pas toujours, dans une filmographie très inégale. Dès la première scène, course-poursuite à pied particulièrement immersive, jusqu’à la grande séquence finale étirée à l’extrême et franchement flippante, le réalisateur signe un film intense au rythme impeccable.
Un vrai film d’atmosphère aussi, grâce à l’utilisation esthétiquement très réussie de jeux de lumières, tamisées par les éléments de décors, qui plongent constamment les personnages dans une sorte de trouble bien à l’image du film. Belle surprise, au final.