The Yards (id.) – de James Gray – 2000
C’est toujours bon à prendre, deux heures de franche rigolade. Et en la matière, James Gray se pose un peu là !… Non ?… Non… Gray est un cinéaste immense, visiblement pas un clown. Avec lui, même un semblant de happy-end a des allures d’échec total.
Comme dans son premier film, Little Odessa (et comme dans le suivant, La Nuit nous appartient, qui bouclera une sorte de trilogie noire informelle), Gray parle de famille, de destin, de violence et de mort. De famille, il est question constamment, de ces liens du sang, du mariage ou de l’amitié qui sont plus forts que tout… sauf quand la réalité vous rattrape.
Bref, il est question de famille, mais il est aussi question de trahison, et surtout de destin, forcément tragique. Mark Whalberg, délinquant à peine sorti de prison et décidé à marcher droit pour se rattraper auprès de sa maman si triste (Ellen Burstyn, merveilleuse), passe ainsi le film à se noyer. Littéralement, et sans une goutte d’eau.
Un type bien, entouré de proches décidés à l’aider à tout prix… jusqu’à ce que leur propre vie se retrouve menacée : le meilleur pote Joaquin Phoenix (extraordinaire… bien sûr !), le « tonton » James Caan, et même la tante jouée par Faye Dunaway.
Le plus terrible dans cette histoire, c’est que les sentiments qui lient tout ce petit monde sont sincères. Le patriarche James Caan a vraiment un bon cœur, mais ce bon cœur cohabite avec un instinct de survie tout personnel et un beau sens de la corruption. Tout se serait idéalement passé pour Leo (Whalberg) s’il n’y avait eu cet incident…
L’incident, sans en dire trop, fait partie de ces moments dont James Gray a le secret. Dans ses trois premiers films, ces chefs d’œuvre noirs, la tragédie humaine est toujours ponctuée de séquences de suspense hallucinantes dont on se rend compte lorsqu’elles s’achèvent qu’on les a regardées le souffle coupé. Littéralement.