Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour février, 2020

The Truman Show (id.) – de Peter Weir – 1998

Posté : 19 février, 2020 @ 8:00 dans 1990-1999, WEIR Peter | Pas de commentaires »

The Truman Show

The Truman Show, c’est d’abord un scénario génial, signée Andrew Niccol, que le film lance comme un espoir bien excitant qui tiendra toutes ses promesses dans la décennie suivante (de Bienvenue à Gattaca à Lord of War), avant de se perdre dans le nanar tendance new age (Les Âmes vagabondes).

C’est aussi le talent de Peter Weir, cinéaste au style aussi modeste que percutant, qui sait comme personne mettre de l’intimité dans des sujets amples. Et celui-ci ne manque pas d’amplitude.

C’est, enfin, Jim Carrey, clown génial devenu acteur génial, en partie grâce à ce rôle, où ses mimiques puériles servent magnifiquement ce personnage aussi attachant que touchant.

Truman, ce « héros » quotidien dont la vie est suivie sans qu’il le sache par des millions de téléspectateurs, c’est le symbole de l’innocence volée, de la spontanéité perdue. Ce type dont la vie fascine et passionne n’a pourtant rien d’exceptionnel… si ce n’est le fait d’être filmé dans son quotidien le plus banal.

The Truman Show est une belle critique de la télévision, et de la fascination pour les images. C’est aussi la preuve, hélas, que la fiction, aussi pertinente soit elle, n’est pas capable d’éviter le pire. Le film annonce la télé poubelle des vingt ans à venir, avec une triste acuité.

C’est une sorte de feel good movie que signe Peter Weir, mais empreint d’une ironie cruelle et cynique.

Coeur de Lilas – d’Anatole Litvak – 1932

Posté : 18 février, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1930-1939, GABIN Jean, LITVAK Anatole | Pas de commentaires »

Cœur de Lilas

Dès la première scène, on perçoit dans ce film une ambition inhabituelle, et une approche singulière. Tout commence par un long plan qui part d’une colonne de soldats en marche pour s’attacher en route aux jeux d’enfants dans les terrains vagues de la banlieue parisienne, et qui nous amènent tardivement vers un cadavre jeté là…

Après ce début magistral, on n’est pas encore dans le vif du sujet. Suit une longue séquence d’enquête et d’interrogatoire, qui nous mènera à son tour sur les lieux principaux du film, et avec les personnages principaux qui, enfin, entrent en scène. Et quelle entrée en scène !

Ces lieux, on les découvre par de superbes travellings, et un plan en plongée qui dévoile ce quartier crasseux que Fréhel présente avec l’une de ses chansons « réalistes » qui ont fait sa réputation. Les chansons, d’ailleurs, jouent un rôle primordial dans ce film.

On n’est pas dans la comédie musicale, mais à trois reprises, des chansons viennent ponctuer le film. Jamais gratuitement : toujours pour créer le malaise, illustrer les sentiments, ou relancer le suspense. Il y a ainsi cette joyeuse chanson de mariage menée par Fernandel (dans une courte apparition) qui déclenche l’hilarité des convives et sème le trouble chez les jeunes mariés, illustrant par la même occasion la romance contrariée des personnages principaux.

Il y a aussi le fameux « La Môme Caoutchouc », chanson plutôt rigolote que Jean Gabin transforme en menace pesante et impressionnante. Jean Gabin, alors débutant, mais déjà extraordinaire dans le rôle secondaire du mauvais garçon, qui dévore l’écran face à André Luguet, pourtant excellent dans le rôle du flic infiltré dans les bas quartiers pour confondre celle qu’il croit responsable du meurtre.

Elle, c’est la Lilas, que joue Marcelle Romée, actrice au destin tragique (elle mourra cette même année 1932) dont on est incapable de dire si la détresse abyssale de son personnage révèle une actrice exceptionnelle ou une femme abîmée par la vie. Ce personnage dont le premier réflexe après avoir été secourue par André Luguet est de se déshabiller pour s’offrir à son défenseur, sans un mot et résignée…

Il y a dans Cœur de Lilas une audace rare, qui garde 90 ans toute sa puissance. Et si le film reste aussi passionnant, c’est aussi grâce à la mise en scène d’Anatole Litvak, d’une virtuosité et d’un dynamisme tout simplement exceptionnels. Une bagarre incroyable entre Luguet et Gabin dont on ne voit que des ombres et les regards des témoins. Des travellings au plus près de visages qui se tancent du regard. La course désespérée de Lilas et ces visages déformés en surimpression…

Le film est plein de ces moments inoubliables d’une force sidérante. Avec aussi quelques moments d’une beauté simple et poétique : ces allers-retours en bus d’un terminus à l’autre, comme une parenthèse pour deux êtres dont on sait qu’ils n’ont pas d’avenir commun ; le petit matin aux halles, plein de vie et d’espoir… Parenthèse hors du temps dans un film aussi virtuose qu’ancré dans la réalité, avec ces plongées dans la rue qui dévoilent la foule qui se sauve devant une descente de flics, et les prostituées au travail.

La force et la beauté du film sont peut-être le mieux résumés lors de la noce, dans ce douloureux face-à-face entre Marcelle Romée et André Luguet, séparés par la chenille enfiévrée des invités du mariage, et dont tout ce qu’ils auraient à se dire ne passe plus que par les regards. Cœur de Lilas est un film incroyable, exceptionnel et bouleversant.

Vic le Viking (Vic the Viking and the Magic Sword) – d’Eric Cazes – 2019

Posté : 17 février, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, CAZES Eric, DESSINS ANIMÉS | Pas de commentaires »

Vic le Viking

Le fils d’un chef viking désespère de voir son père enfin reconnaître ses vrais qualités… Cette adaptation en long métrage d’une série animée qui a bercé l’enfance des quadras d’aujourd’hui est une jolie réussite, sans prétention et sans excès de quoi que ce soit. Juste une belle histoire de transmission, sur l’éternel sujet du passage de l’enfance à l’âge adulte.

Beaucoup d’humour, beaucoup de rebondissements, quelques effets saisissants (la belle scène du bateau surfant entre deux eaux), et une réappropriation maligne du mythe de Odin et de ses fils ennemis, dont Thor, qu’on a plutôt plaisir à retrouver avec son marteau, mais sans les Avengers.

Bref, du cinéma d’animation très recommandable pour les fêtes de fin d’année. Pas du cinéma d’auteur, mais pas de la grosse guimauve abêtissante non plus.

Brooklyn Affairs (Motherless Brooklyn) – d’Edward Norton – 2019

Posté : 16 février, 2020 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, NORTON Edward | Pas de commentaires »

Brooklyn Affairs

Il est des films comme ça dont on ne saurait dire d’emblée pourquoi ils sont au-dessus des autres. C’est clairement le cas de ce Brooklyn Affairs, deuxième mise en scène d’Edward Norton, presque vingt ans après son baptême du feu (pour Au nom d’Anna, pas vu). Et tant qu’on est dans les chiffres : cela fait une dizaine d’années que l’acteur planche sur cette adaptation, dont il a lui-même écrit le scénario, ample et complexe.

L’intrigue s’inscrit dans la lignée d’un Chinatown : la ville est différente (ici, c’est New York), mais on retrouve la même ambition, la même ampleur, la même complexité aussi, avec ces ramifications qui s’entrecroisent et ne cessent de s’ouvrir vers d’autres choses, mélange de politique véreuse et de secrets d’alcôves. Le récit est dense, touffu même, mais toujours limpide : la marque d’un cinéaste qui maîtrise totalement son sujet.

A ce sujet s’ajoute le personnage que joue Norton : un petit détective sans envergure, dont la vie est bouffée par le syndrome Gilles de la Tourette qui le déforme à force de tics, et qui le pousse à sortir des insanités ou des phrases absurdes. Un syndrome qu’on n’imaginait à vrai dire pas voir un jour dans un film, si ce n’est sous l’angle de la comédie. Et là, petit miracle : ça ne prête jamais à sourire autrement qu’avec bienveillance et tendresse. Ce pourrait être ridicule, risible, mais non. Tout en en faisant beaucoup, Norton réussit à rendre ça naturel, sans angélisme ni apitoiement.

Pourtant, c’est encore un autre aspect du film qui marque le plus : cette petite musique d’un autre temps. Elle vient du jazz bien sûr, omniprésent dans la bande son et à l’image. Mais pas seulement. Cette petite musique si vivante, qui semble raviver toute une imagerie d’une certaine Amérique, elle vient aussi des choix esthétiques de Norton. Une scène, magique, l’illustre bien : celle de la gare, où le héros va trouver la clé de l’intrigue.

Cette scène toute entière a quelque chose d’irréel, et une beauté picturale qui renvoie directement au réalisme social des peintres américains des années 40. Cette femme assise sur un tas de valises, éclairée par un halo de lumière, et près de laquelle un pigeon picore des miettes. Plus loin, ce couple qui s’embrasse près des casiers de la gare. Là encore, Norton flirte avec le grotesque, tant ces images semblent iconiques. Mais non, ces apparitions ancrent le film dans une certaine idée de l’Amérique, nostalgique et fascinante.

C’est d’ailleurs lui, Norton, qui a placé son intrigue dans l’Amérique des années 50. Un choix qui renforce le caractère social de l’histoire, et notamment la lutte des noirs pour leurs droits, centrale dans le film. Ancrée dans cette décennie donc, mais avec de brûlantes résonances avec l’époque moderne, en particulier dans le personnage du grand méchant politicien, qu’Alec Baldwin s’amuse en transformer en brûlot anti-Trump (qui veut que l’Amérique soit grande).

Grand film de détective, grand film de personnages (des tas de seconds rôles formidables, dont Willem Dafoe et Bruce Willis), grand film jazzy, et grand film romantique aussi. Voir surtout. La plus belle scène, celle qui dit le mieux la réussite de ce film, c’est celle du club de jazz, où un Edward Norton ravagé par les tics est soudain calmé par la main que la jeune militante noire dont il s’éprend (Gugu Mbatha-Raw) lui passe doucement sur la nuque, comme le faisait sa maman lorsqu’il était petit.

Ce geste simple pourrait facilement être grotesque, là encore. Mais non. Ce moment, simple et tendre, cette parenthèse dans le tourment intérieur du héros, pendant que l’orchestre joue, est l’un de ces moments rares de cinéma où le temps s’arrête, où les frissons vous gagnent. Un moment de pure magie.

The Lighthouse (id.) – de Robert Eggers – 2019

Posté : 15 février, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, EGGERS Robert, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

The Lighthouse

Deux gardiens de phare sur une île battue par les vents et les vagues, loin de la terre. Un noir et blanc granuleux comme on l’aime. Un format presque carré qui évoque le récent (et superbe) Cold War, et qui souligne constamment la verticalité de ce phare qui domine tout. Un sentiment de malaise qui grandit. Des petits signes de flottement qui se multiplient…

Robert Pattinson a le regard noir et la moue des mauvais jour. Willem Dafoe pue la sueur acre, la saleté et les dents pourris à travers la pellicule. Ces deux-là n’ont rien à faire ensemble, et on sent bien qu’ils supporteraient mieux la solitude sans l’autre. On sent bien aussi que la folie guette, menace et condamne.

Pour souligner cette folie qui guette, le réalisateur Robert Eggers signe des images aussi belles qu’envoûtantes. Esthétiquement, The Lighthouse est d’ailleurs, sans doute, l’un des plus beaux films de l’année. C’est déjà beaucoup. Mais est-ce suffisant ? Franchement, pas sûr.

The Lighthouse ne serait-il pas, aussi, l’un des films les plus surévalués de l’année ? Parce qu’au-delà des belles images (qui, je le répète, sont vraiment très belles), ce film d’épouvante par ailleurs très classique a un côté franchement vain. Et la fin faussement obscure relèverait presque du foutage de gueule.

A voir pour les images, pour Willem Dafoe, mais sans en attendre grand chose.

La Méthode Kominsky (The Kominsky Method), saison 1 – créée par Chuck Lorre – 2018

Posté : 14 février, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, LORRE Chuck, McCARTY-MILLER Beth, PETRIE Donald, TÉLÉVISION, TENNANT Andy | Pas de commentaires »

La Méthode Kominsky

42 ans : c’est le temps que Michael Douglas aura mis avant de renouer avec l’univers de la série télévisée. Depuis la fin des Rues de San Francisco, en 1976, il s’en est passé des choses. D’abord, je suis né, et ce n’est pas rien. Puis le fils de Kirk est devenu une grande star (peut-être la plus belle success story de l’histoire des fils de), enchaînant Oscar (pour Wall Street en 1988), grands rôles sulfureux (Basic Instinct en 1992), et grands rôles tout court (The Game en 1997).

Et puis badaboum, comme disait Bébel. Après une superbe année 2000 (Wonder Boys et Traffic, deux films formidables), Michael Douglas enchaîne les mauvais choix et les nanars indignes de son talent. Le jeune public le découvre dans un petit rôle récurrent des Ant-Man (ça doit bien payer), ses fans de la première heure pleurent. Le voir revenir dans une série télé n’annonçait d’ailleurs rien de bon, et ressemblait furieusement à un plan de fin de carrière, histoire de glisser tranquillement jusqu’à la retraite.

Surprise : La Méthode Kominsky donne l’impression de redécouvrir totalement Michael Douglas, que l’on n’avait jamais vu avec un tel sens de l’autodérision. Première surprise : c’est une comédie que choisit Douglas, et une comédie qui non seulement ne fait pas l’impasse sur son âge (75 ans), mais en fait le sujet central du show. Il y est un ancien acteur à succès devenu coach reconnu pour acteurs débutants, mais que plus personne ne veut faire jouer.

Mieux : cet acteur à qui une poignée de rôles marquants ont collé une image très sexuelle joue un séducteur (un queutard ?) vieillissant qui réalise que son pouvoir sur les femmes est de moins en moins évident, et dont la vessie lui pose des problèmes réguliers. D’où une scène assez irrésistible avec le vieux comparse de toujours de Douglas, Danny De Vito.

Rien de révolutionnaire, certes : La Méthode Kominsky n’invente rien dans le domaine, et son irrévérence reste toujours polie. Mais la série repose sur un tandem franchement réjouissant : Douglas, donc, et son vieil agent joué par Alan Arkin, nouveau veuf acariâtre et mal aimable. Les deux hommes sont radicalement différents, avec des envies, des habitudes et des goûts souvent opposés, mais ils s’aiment d’une amitié simple et sincère.

Entre eux deux, il se passe ce genre de chose qui donne juste envie de suivre leurs parcours le plus longtemps possible. Chouette comédie.

The Meyerowitz Stories (id.) – de Noah Baumbach – 2017

Posté : 13 février, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, BAUMBACH Noah | Pas de commentaires »

The Meyerowitz Stories

Il y a une petite musique irrésistible dans ce film de Noah Baumbach, une manière toute personnelle de faire le lien, disons, entre Woody Allen (référence évidente de bout en bout) et Paul Thomas Anderson (peut-être pour l’interprétation lunaire de Adam Sandler).

Les Meyerowitz ne sont pas vraiment une famille unie. Le père (Dustin Hoffman) est un artiste vieillissant, fruste et totalement égocentré qui a des relations difficiles avec ses enfants, et particulièrement ses deux fils (Sandler et Ben Stiller) qui, eux, n’ont à peu près aucun rapports entre eux. Quand le père est hospitalisé, les liens se resserrent, pour le meilleur et pour le pire.

Rien de spectaculaire chez Baumbach, qui réfère filmer les petites choses de la vie plutôt que de grands conflits. Mais dans ces petits riens, dans ces moments de vie où les temps morts ont leur place, le réalisateur permet aux émotions de s’installer, et de prendre des chemins souvent inattendus.

Avec un tel tandem de frères, forcément, on rit. Beaucoup, et franchement. Mais le rire débouche toujours sur une fêlure, sur une révélation qui change la perspective. Ou à l’inverse, d’ailleurs : lorsque Jean, la sœur à qui personne ne s’intéresse vraiment, se livre sur un lourd secret d’enfance, ce pourrait être plombant, mais la gravité soudaine débouche sur une pure scène de comédie.

A l’issue du voyage, au cours duquel on croise brièvement Adam Driver, Judd Hirsch et Sigourney Weaver (dans une poignée de scènes savoureuse), personne ne changera vraiment. Dustin Hoffman restera un égoïste cruel, Emma Thompson (sa compagne) une hippie alcoolique et peu intéressée par les autres. Mais les abcès sont crevés, et on en sort avec un sentiment inexplicable d’immense optimisme…

Le Vaisseau Fantôme (The Sea Wolf) – de Michael Curtiz – 1941

Posté : 12 février, 2020 @ 8:00 dans 1940-1949, CURTIZ Michael, GARFIELD John, LUPINO Ida (actrice) | Pas de commentaires »

Le Vaisseau fantôme

Un film qui s’appelle Le Vaisseau fantôme, dans lequel on croise Edward G. Robinson, Ida Lupino, John Garfield et Barry Fitezgerald, et que réalise Michael Curtiz en plein dans sa période Warner… Franchement, si ça ne vous tente pas, vous n’avez pas grand chose à faire sur ce blog !

Cette adaptation d’un roman de Jack London joue à plein sur l’imagerie liée aux vaisseaux fantômes, même si le film n’a rien de fantastique sur le fond. La forme, elle, emprunte clairement au cinéma d’épouvante, avec l’omniprésence de la brume qui, plus que cacher les choses, semble plutôt enfermer l’action et les personnages dans une sorte d’enfer sur terre.

Ou plutôt sur mer : l’exception de la séquence d’ouverture, brillante introduction du personnage de Garfield, tout le film se déroule à bord du « Ghost », ce bateau présenté comme l’enfer sur mer, sur lequel Robinson fait régner une terreur constante, dans des scènes d’une rare cruauté. On retiendra en particulier l’humiliation terrible du médecin alcoolique, joué par l’excellent Gene Lockhart.

Huis-clos étouffant, brillant film de genre, The Sea Wolf hésite un peu sur le point de vue à adopter, passant de l’un à l’autre de ses quatre personnages principaux. Cette multitude de points de vue donne un ton particulier au film. Après un semblant de flottement, ce choix renforce le côté incertain de l’aventure, et le suspense qui entoure le destin de tous ces personnages.

La force du film, c’est aussi ses acteurs. Garfield est l’incarnation parfaite de l’homme blessé. Ida Lupino est superbe, maquillage impeccable même après s’être pris des trombes d’eau dans la gueule. Robinson est inquiétant, glaçant et pathétique. Barry Fitzgerald est génial en lèche-cul odieux. Au milieu de cette distribution spectaculaire, Alexander Knox semble un peu en retrait dans le rôle central de Van Weyden. Mais cette discrétion se révèle un atout formidable, qui renforce l’immersion du spectateur sur ce bateau franchement flippant.

Titanic (id.) – de Herbert Selpin (et Werner Klinger) – 1943

Posté : 11 février, 2020 @ 8:00 dans 1940-1949, KLINGER Werner, SELPIN Herbert | Pas de commentaires »

Titanic 1943

Cette version de la tragédie du Titanic est sans la doute la plus étonnante de toutes : un pur produit de propagande de l’Allemagne nazie commandé par Goebbels. Ce dernier a vu dans le naufrage l’occasion de donner des Anglais une image désastreuse.

Parce que le seul coupable de ce naufrage, c’est évidemment la cupidité d’un Anglais, le patron de la White Line, qui a imposé au capitaine de maintenir cap et vitesse malgré les icebergs annoncés. Et pas question d’y mettre une nuance : le type est aussi arrogant dans sa détermination que pathétique lorsque le danger approche…

Donner des Anglais une image minable ne suffisait pas : encore fallait-il magnifier la grandeur de l’esprit allemand. Voilà donc Petersen, l’un des officiers de bord, un Allemand donc, le seul à prendre conscience du danger, et à s’inquiéter du sort des 3000 passagers. Un grand homme, oui : Titanic est un vrai, un pur film de propagande.

C’est aussi, malgré tout, une réussite qui nous offre absolument tout ce qu’on peut attendre d’un film qui s’appelle Titanic : des tas de personnages attachants (ou pas), des enjeux personnels, des destins qui se nouent et se dénouent, puis des scènes de panique, le naufrage lui-même, spectaculaire. Pas de grande surprise, mais une vraie efficacité, et pas mal d’émotion lorsque l’heure des déchirements arrive.

Il y a un aspect simplement humain qu’on n’attendait pas dans ce contexte. D’ailleurs, Goebbels interdira finalement la projection du film (comme les Anglais après la guerre) lorsqu’il devait sortir en salles. Auparavant, il avait fait enfermer le réalisateur Herbert Selpin, trop critique à l’égard du régime, Selpin se suicidant dans sa cellule (et Klinger terminant le tournage). Funeste destin…

Enemy (id.) – de Dennis Villeneuve – 2013

Posté : 10 février, 2020 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, FANTASTIQUE/SF, VILLENEUVE Denis | Pas de commentaires »

Enemy

Un professeur discret à la triste vie bien rangée découvre qu’il a un sosie, jeune acteur dont la vie fantasque le fascine. Il se met à l’observer, et décide bientôt de le rencontrer…

Une simple histoire de sosie et de fascination ? Dès les premières images, Denis Villeneuve nous fait ressentir que ce n’est pas si simple. Ressentir plus que comprendre, vraiment : le film multiplie les images dont on sait que ce sont des clés, mais sans jamais faciliter la compréhension de la chose.
Et ce dès les premières minutes, avec cette araignée qui sort d’une boîte mystérieuse, dans un lieu de débauche. On sent bien qu’elle signifie quelque chose, mais quoi ? Le trouble qui s’installe, et et monte en puissance sans qu’on puisse réellement dire pourquoi, est la grande réussite de Villeneuve avec ce film.

Avec cette histoire sans réel fil narratif tangible, Villeneuve flirte avec le grotesque. Mais en faisant ressentir cette inquiétude, cette angoisse que rien de précis ne justifie vraiment, le réalisateur réussit quelque chose d’assez fort. Quelque chose de presque lynchien (avec une pointe de Cronenberg), mais à sa manière propre.

Le problème, c’est qu’on ne peut pas dire grand-chose du film sans en dévoiler la nature et sans éventer le mystère. En vrac, soulignons donc simplement la belle (et opaque) double-performance de Jake Gyllenhaal, la force quasi-abstraite des décors (une qualité que l’on retrouvera dans le Blade Runner de Villeneuve) ou la simplicité dérangeante de la mise en scène.

On notera aussi qu’il est question de mal-être, de culpabilité et de peur de l’avenir. Mais aussi que la dernière image, traumatisante et insondable, n’a pas fini de hanter l’esprit du spectateur qui se raccrochait jusque là à une histoire basique de sosie.

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