Primrose Path (id.) – de Gregory La Cava – 1940
Le générique annonce la couleur, ou plutôt le son : cette musique lyrique et romanesque, ces envolées grandioses… C’est sûr, Primrose Path lorgne du côté d’Autant en emporte le vent, sorti quelques mois plus tôt. Sauf que pas du tout : ce curieux début est totalement trompeur. Qu’il soit imposé par les producteurs, ou une facétie suggérée par Gregory La Cava, ce générique annonce tout sauf ce qu’est vraiment le film : l’une de ces comédies bienveillantes dont le cinéaste a le secret.
Tout ça finit très bien : on le sent, on le sait, dès la rencontre entre Ginger Rogers et Joel McCrea. Il y a une telle fraîcheur, dans la manière dont le cinéaste filme le couple, une telle passion innocente, que rien de vraiment grave ne peut se produire entre ces deux-là.
Pourtant, le film fait plus que flirter avec le drame : le personnage du père alcoolique, ce mensonge par omission qui produit des quiproquos de plus en plus profonds, ou le contexte de misère particulièrement sordide…
Mais même dans ce contexte, on trouve un personnage aussi surprenant et loin des clichés que la mère, sans doute une escort qui vend ses charmes vieillissants pour nourrir sa famille, mais qui se révèle contre toute attente une femme bonne et une mère aimante. Un vrai beau personnage, qui donne une profondeur inattendue à ce film. Comme, à sa manière, Henry Travers, en ange gardien bienveillant (un rôle qu’il retrouvera, littéralement cette fois, dans La Vie est belle).
Il y a aussi, et surtout, le très joli couple formé par Joel McCrea (toujours impeccable) et Ginger Rogers, décidément magnifique actrice, aussi touchante lorsqu’elle est fragilisée que lorsqu’elle vit un bonheur totalement insouciant. Un vrai bonheur.