Gribouille – de Marc Allégret – 1937
Gribouille commence là où beaucoup d’autres films se terminent : par une longue séquence de procès, celui de Michèle Morgan, jeune femme accusée de meurtre. Une victime de la société patriarcale, comme le cinéma français en proposait souvent à cette époque. Qu’elles soient physiques ou morales, les violences faites aux femmes étaient au cœur de nombreux films, contrairement aux idées reçues qu’on pourrait avoir : non, cette prise de conscience n’est pas née avec le mouvement metoo…
Michèle Morgan, donc, toute jeune et pas encore passée sur le Quai des brumes, mais déjà des yeux magnifiques et bouleversants, portant toute la tristesse du monde. Face à elle, Raimu, immense et tellement humain en juré très investi, jusqu’à prendre la pauvrette sous son aile en la faisant passer aux yeux de sa famille pour la fille d’un vieil ami perdu de vue.
C’est un beau film, tendre et cruel à la fois, que signe Allégret. Un film profondément optimiste, malgré tout, mais qui n’oublie rien de la violence des rapports humains. Le personnage de Carette illustre bien cette position : un type sympa et chaleureux a priori, mais avec des accès inquiétants. Tantôt drôle, tantôt glauque. A l’image du film, donc, où comédie et drame se renvoient constamment la balle.
Mais c’est la bonté qui l’emporte, devant la caméra d’Allégret. Avec autant de violence, mais moins de cynisme qu’un Decoin, le réalisateur filme des personnages qu’il aime visiblement sans réserve. Il y a notamment une tendresse énorme entre Raimu, ce commerçant tranquille et généreux, et sa femme, jouée par Jeanne Provost, dont le devenir du couple est une très jolie sous-intrigue.
On notera aussi la participation de Bernard Blier, dans l’un de ses tout premiers rôles, touchant en jeune amoureux que l’on voit troquer son vélo contre un tandem, avant de revenir rendre ce dernier, joli symbole d’un couple qui se fait et se défait…
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