Top of the Lake (id.) – série créée par Jane Campion et Gerard Lee – 2013
Envoûtant, visuellement splendide, lent et tendu, cette mini-série est une superbe réussite, qui porte clairement la marque de Jane Campion, sa créatrice, et la réalisatrice de la moitié des épisodes. On y retrouve tous les thèmes chers à la cinéaste : l’homme (et la femme) dans la nature, la place de la femme dans la société, le poids de la maternité (et de la paternité)…
Jane Campion l’a d’ailleurs elle-même, et cela se sent : elle a pensé Top of the Lake comme un long film de six heures, divisé en six chapitres, plutôt que comme une série de six épisodes. Et c’est vrai qu’elle trouve le compromis parfait entre les codes de la série télé, avec d’un côté sa cohérence et son long mouvement unique, et de l’autre ses rebondissements qui ne donnent qu’une envie : enchaîner les six épisodes.
Parce que la réalisatrice n’oublie jamais non plus que Top of the Lake est un thriller. Même si son récit prend bien des chemins de traverse, jamais elle ne perd de vue l’enjeu de cette intrigue : retrouver une adolescente qui a disparu dans cette nature aussi belle que dangereuse de Nouvelle Zélande.
Il y a quelque chose de Twin Peaks dans l’idée même de Top of the Lake. Même si cette dernière est nettement plus ancrée, la série commence par l’arrivée d’un enquêteur dans une micro-société, où le drame va révéler bien des secrets cachés. Et quel microcosme : une région comme coupée du monde où la notion même de famille dépasse tous les codes habituels, et où tout le monde semble avoir quelque chose à cacher.
Y compris l’enquêtrice d’ailleurs, Robin, magnifique rôle de femme brisée, qui aurait pu être simplement passionnant. Elisabeth Moss lui donne quelque chose en plus : un mélange de force et de fragilité à peu près unique, parce que ces deux pans de sa personnalité sont également puissants. Un personnage fascinant et bouleversant, dont la présence souvent peu bavarde apporte toujours quelque chose d’inattendu.
Le reste de la distribution est parfait aussi, de Holly Hunter en gourou au bout du rouleau, à Peter Mullan, en inquiétant patriarche. Deux personnages qui, eux aussi, déjouent constamment toutes les idées reçues et toutes les attentes, capables d’être touchants dans l’horreur, ou abjects dans la souffrance.
Tendu, fascinant, bouleversant, surprenant, Top of the Lake est une réussite majeure. Et ELisabeth Moss une découverte qui l’est tout autant…