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Avec le sourire – de Maurice Tourneur – 1936

Classé dans : 1930-1939,TOURNEUR Maurice — 11 octobre, 2019 @ 8:00

Avec le sourire

Un arriviste sans le sou débarque à Paris, se fait embaucher dans un music-hall, et gravit les échelons les uns après les autres en faisant quelques « victimes » au passage. Mais avec le sourire, toujours.

Normal : c’est Maurice Chevalier, dont le sourire plus grand que nature a rarement été aussi bien utilité, et avec autant de lucidité : oui, son sourire est trop grand pour être sincère. Mais c’est ça que les gens veulent, et qui fait de lui une star, un homme que tout le monde aime, quels que soient les actes que cache ce sourire. C’est un fait, c’est aussi le sujet du film.

A l’inverse, le directeur bougon qui lui met le pied à l’étrier a beau avoir un cœur énorme, on ne retient de lui que la gueule d’enterrement qu’il tire en toutes circonstances.

C’est un film d’une étonnante lucidité que signe l’autre Maurice (Tourneur), qu’on n’attendait pas forcément dans le registre du film « Chevalier-ien ». Une comédie, forcément, et avec quelques passages chantés qui plus est. Loin, donc, de Justin de Marseille ou Samson, deux de ses récents films, nettement plus ancrés dans un réalisme assumé.

Ces quelques passages chantés valent ce qu’ils valent. La plupart ont un peu vieilli, certes. L’un, surtout, donne l’occasion à Chevalier de faire son numéro : lorsqu’il chante « Le chapeau de Zozo », en mimant les attitudes des différentes classes sociales. Un vrai show, comme la star en a le secret.

Le film vaut autant pour cette fausse légèreté affichée que pour son cynisme profond, les deux aspects étant si étroitement liés qu’ils créent un sentiment de malaise totalement inattendu dans ce genre. Une comédie, oui, mais joyeusement méchante, à la fois dans les situations et les dialogues.

Brillants, par moments, les dialogues, comme celui-ci, lancé par le directeur trop honnête à son horrible femme : « Puisque, malgré ton âge, tu as encore ta mère, va donc la voir. » Avant d’ajouter, en aparté : « Et dire que je ne l’ai jamais trompée… C’est inimaginable ! »

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