Sang froid (Cold Pursuit) – de Hans Petter Moland – 2019
Liam Neeson perd son fils, victime d’un puissant cartel de la drogue, et se lance dans une véritable croisade pour venger sa mort… Oui, encore. Liam Neeson, depuis une dizaine d’années, continue son inlassable chemin de croix jonché de cadavres, de coups et d’hémoglobine. Un enchaînement un peu aberrant quand on regarde les sommets de sa carrière, et là où elle stagne depuis le premier Taken. Et pourtant, le comédien continue à exercer une petite fascination, qui pousse à croire, à chaque nouveau projet, que celui-ci sera différent.
Bonne nouvelle : celui-ci l’est un peu. Sur le fond, rien que de très banal donc. La routine pour ce fringant sexagénaire, qui laisse derrière lui une nuée de cadavres. Mais il y a dans cet autoremake (très fidèle paraît-il) des tas de détails, plus ou moins grands, qui font la différence. Le premier : le fait que Neeson ne soit pas un ex-flic, ou ex-tueur, ou un es-as de self défense… Bref, un quidam comme un autre. Ok, assez malin quand même pour prendre le dessus sur une armée de tueurs.
Le deuxième : le décor. Une luxueuse station de ski du Colorado, où notre héros est chargé de dégager les routes, traçant d’improbables sillons dans d’épaisses couches de neige. Un détail qui donne son rythme au film, son identité sonore aussi, et des images plutôt originales, et d’une grande beauté visuelle.
Et puis cette ironie grinçante, cet humour absurde aussi, qui se mélangent avec une vraie noirceur pour créer des moments de malaise ou de tragi-comédie inattendus. Une table de morgue qui n’en finit plus de grincer, un briquet qui ne s’allume pas… Et des moments où l’émotion attendue se transforme en un rire nerveux. Comme si Moland ne voulait pas tomber dans le piège des passages obligés du film de genre.
En appelant son héros « Coxman », il tourne en dérision le statut de héros de Neeson. Comme ça, le cinéaste joue avec les clichés, tournant autour sans jamais vraiment y tomber. Un vieux flic fatigué, une jeune fliquette pleine de morgue, deux hommes de main qui cachent leur homosexualité… Constamment, le film flirte avec ce qu’on attend du genre, trouvant un équilibre convainquant entre la noirceur et l’humour.
Même pas à la manière des frères Coen, référence incontournable en termes de noir neigeux décalé depuis Fargo. Sang froid n’atteint pas ces hauteurs, certes, mais il a un ton singulier, ce qui est déjà beaucoup.
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