Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Celle que vous croyez – de Safy Nebbou – 2019

Classé dans : 2010-2019,NEBBOU Safy — 21 juin, 2019 @ 8:00

Celle que vous croyez

La première réflexion : Isabelle Huppert n’aurait sans doute pas accepté le film. Ne vous méprenez pas : j’aime beaucoup Isabelle Huppert, sa beauté troublante et intemporelle, cette image comme hors du temps qui traverse une filmographie exceptionnelle. Mais c’est une approche à peu près opposée que Juliette Binoche apporte à ce rôle : elle se livre, physiquement, à nue, acceptant des éclairages qui accentuent ses rides et la fatigue de ses traits. Bref, Isabelle Huppert n’aurait jamais accepté un tel rôle. Vous rétorquerez qu’on ne le lui a sans doute pas proposé, et vous n’aurez pas tort. Bref.

Deuxième réflexion : il faut à la fois la beauté naturelle intemporelle et le talent d’actrice de Juliette Binoche pour incarner un tel personnage, dans un tel film. Claire, enseignante brillante, la cinquantaine bien tapée, mère de deux grands garçons, séparée d’un mari qui était tout pour elle et qui l’a quittée pour une femme bien plus jeune que lui. Claire, qui cherche à tromper le temps en couchant avec un homme bien plus qu’elle. Claire, qui pour surveiller son amant, s’invente un pseudo sur Facebook : Clara, jeune blonde d’à peine 24 ans.

Et voilà que Clara tombe amoureuse par réseaux sociaux et par téléphone interposés, du meilleur ami de son amant, un jeune homme de son âge (François Civil, très bien aussi). Donc bien plus jeune que Claire. Claire, Clara… Entre les deux, la frontière s’estompe. Clara s’épanouit, Claire retrouve le goût à la vie. A moins qu’elle ne perde pied. Là encore, la frontière est ténue.

En adaptant le roman de Camille Laurens, Safy Nebbou signe le beau portrait d’une femme face aux réalités du temps qui passe, qui refuse de faire le deuil de sa beauté, dans une société régie par l’apparence. C’est évidemment une critique assez acerbe des réseaux sociaux et de cette société-là, où le bonheur semble plus virtuel qu’ancré dans la réalité. Sur ce point, le film est plutôt efficace, à défaut d’être particulièrement audacieux.

Et sans doute le film aurait-il gagné à être moins sage visuellement. Un tel récit qui oscille entre le réel, la virtualité, et la fiction méritait peut-être un style plus radical que celui de Nebbou, classique et plutôt élégant. Mais le portait de cette femme à la croisée des chemins est d’une grande richesse, et l’interprétation de Binoche toute en nuances, à tel point que l’actrice semble gagner ou perdre des années au fil des scènes.

Le trouble vient aussi des ruptures audacieuses dans le récit, de l’irruption d’une vision de roman au coeur du film, et du face à face entre le personnage de Binoche et celui de sa psy, jouée par Nicole Garcia. Entre elles, Nebbou capte notamment un moment déchirant, et pourtant d’une grande simplicité. Lorsque Juliette Binoche baisse complètement l’armure et livre ses envies de petite fille toujours bien présentes, son désir qu’on s’occupe d’elle, le silence de Nicole Garcia et son regard soudain vague disent toute la solitude de l’adulte. Et c’est déchirant.

Pas de commentaire »

Pas encore de commentaire.

Flux RSS des commentaires de cet article.

Laisser un commentaire

 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr