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Archive pour le 2 juin, 2019

La Sœur de son valet (His butler’s Sister) – de Frank Borzage – 1943

Posté : 2 juin, 2019 @ 8:00 dans 1940-1949, BORZAGE Frank | Pas de commentaires »

La Sœur de son valet

Borzage reste dans sa veine musicale, et la première scène ne présage rien de particulièrement enthousiasmant. Dans un train, deux charmantes écervelées tapent à la porte d’un compartiment. Lorsque son occupant ouvre, elles se lancent dans un numéro chanté tout sucré et très joyeux: le voyageur, qui n’avait rien demandé, est un célèbre compositeur dont toutes les apprenties chanteuses espèrent obtenir les faveurs.

C’est Franchot Tone, loin de son rôle mémorable des Trois Camarades, mais dont la nonchalance lasse fait des merveilles dès cette première scène. De quoi espérer que la suite soit d’avantage basée sur les personnages que sur les prouesses vocales des interprètes. Elle l’est effectivement, même si le joli grain de voix de Deanna Durbin est bien mis en valeur tout au long du film.

Deanna Durbin dont l’apparition donne un soudain coup de peps au film. Dans le train toujours, la caméra la suit dans la travée centrale des wagons qu’elle traverse, tous les passagers se retournant à son passage, et le spectateur ne la voyant que de dos. Une manière pour Borzage de mettre en évidence, sans même la montrer vraiment, le charisme étincelant du personnage, ressors comique de plusieurs scènes à suivre.

Et c’est alors une réjouissante comédie romantique qui commence, avec cette histoire d’une apprentie chanteuse qui débarque chez son demi-frère qu’elle croit richissime (Pat O’Brien), mais qui se révèle être le majordome du célèbre compositeur qu’elle pensait rencontrer dans le train. Comme quoi le hasard fait bien les choses. Sauf que, bien sûr, rien ne se passera comme elle le pense.

Ces deux-là finiront-ils ensemble ? Evidemment oui, aucun suspense là-dessus. Mais comme toujours chez Borzage, on sait que l’amour ne pourra éclater et se réaliser que quand les barrières sociales et l’ascendant de l’un sur l’autre auront disparu. Tout le sel repose sur la manière dont cela va se produire. Et la manière, ici, est splendide.

A cette époque, les films de Borzage paraissent souvent en deçà de ses grands chefs d’œuvre. Avec His butler’s sister, le cinéaste renoue avec son génie pour créer un mouvement qui conduit inexorablement vers des torrents d’émotion, sur lesquels le film se referme.

D’ici là, quel rythme. Un rythme qui repose sur la précision de la mise en scène, sur des cadres magnifiques, sur des intermèdes musicaux qui trouvent parfaitement leur place dans l’histoire (avec notamment une scène très émouvante dans un café russe, où Deanna Durbin entonne une belle chanson folklorique, celle-là même qui a inspiré ses Deux guitares à Charles Aznavour)… et sur les dialogues en tant qu’éléments sonores de l’ensemble.

L’humour repose en effet peu sur les mots eux-mêmes : d’avantage sur la musique qu’ils produisent. Borzage s’en amuse ainsi joyeusement lors de l’un des premiers échanges entre la sœur et le frère, où chaque réplique est soit coupée, soit incompréhensible. Et tout ça donne à la scène un rythme irrésistible.

Au passage, Borzage égratigne aussi le monde du spectacle, avec un étonnant personnage de producteur libidineux, mais encore relativement sympathique. Autre époque, autre vision…

Bien sûr, cette bluette n’a pas la portée et la force de Seventh hour ou The Mortal Storm. Les thèmes abordés ici n’ont pas la même gravité, et l’issue du film ne fait, dès les premières minutes, aucun doute. Mais le plaisir que cette bluette procure est grand, et l’émotion lorsque le mot fin apparaît est immense…

 

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