Les Sept Amoureuses (Seven Sweethearts) – de Frank Borzage – 1942
Il y a bien sûr des thématiques très fortes dans l’œuvre de Borzage (je ne reviens pas dessus, relisez donc les précédentes chroniques). Il y a aussi des cycles très cohérents, et parfois étonnants, comme ce très pointu duo de films évoquant le poids des traditions ancestrales sur fond de tulipes, que Seven Sweethearts forme avec The Vanishing Virginian.
N’ayant point (encore) vu ce dernier, je me garderais bien d’aller plus loin dans le parallèle. Le film qui nous intéresse ici s’inscrit aussi dans une veine plus large de Borzage : la fantaisie romantique qui met en valeur les talents vocaux de ses interprètes. Et comme souvent, si mignonnet soit le trémolo (et le petit nez retroussé, mais ça n’a rien à voir) de Kathryn Grayson, ces intermèdes chantés ne sont clairement pas ce qu’il y a de plus emballant.
On est d’abord frappé par la vision que donne Borzage de cette petite ville du Michigan, où les vieilles traditions hollandaises sont omniprésentes. Une vision de carte postale, que découvre un journaliste new yorkais (Van Helfin, très bien en faux cynique) venu couvrir la très populaire fête des tulipes, quelque part entre Brigadoon et le Punxsutawney d’Un jour sans fin.
Dès son arrivée en ville, il découvre les habitants se répondant en musique d’un bout de la place centrale à l’autre. L’un des musiciens (le truculent S. Z. Sakall) est aussi le propriétaire de l’hôtel du coin. Mais un hôtel sans enseigne (pour pouvoir choisir ses clients) et sans clé aux portes, où on peut rester des mois sans payer sa note, et où tous les employés sont des jeunes femmes séduisantes portant des prénoms de garçons : les filles du proprio, qui a toujours voulu avoir un garçon.
Souvent, Borzage utilise des décors au bord de la caricature pour mieux symboliser la violence de son époque. Ici, il est comme hors du temps, coupé des réalités du monde malgré quelques vagues références (« Les temps changent, les traditions doivent évoluer »). Pour le moins étonnant, mais charmant, au final. La touche Borzage est bien là : cette manière si personnelle de filmer l’intimité qui naît entre un homme et une femme.
Van Heflin tombe donc sous le charme de chacune des sept filles de la maison, avant de découvrir le vrai sentiment amoureux avec l’une d’elles. Sauf que le papa est arc-bouté sur ses traditions, qu’il n’est pas envisageable de marier l’une de ses filles avant l’aînée (et les prétendants attendent depuis des mois avec une impatience grandissante), et que l’aînée, une égoïste égotiste, voit dans ce nouveau venu un billet pour la gloire à New York.
Romance, quiproquos, rebondissements… et un charme indéniable pour ce Borzage mineur et sans grande surprise, mais tellement charmant. La Borzage touch…
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