Le Dernier des Mohicans (The Last of the Mohicans) – de Michael Mann – 1992
Avec ce film, Michael Mann est entré pour de bon dans la cour des grands. Non pas qu’il ne fut pas déjà, d’ailleurs : son précédent film, Le Sixième Sens, posait déjà brillamment les bases de son œuvre majeure. Mais il y a dans cette nouvelle adaptation du roman de James Fenimore Cooper une toute autre dimension, et le succès spectaculaire de cette grande fresque, western de la guerre d’indépendance, lui ouvre clairement les portes de ses chefs d’oeuvre à venir, à commencer par Heat.
On retrouve dans Le Dernier des Mohicans la même ampleur, la même sécheresse dans l’action, le même sens du mouvement, du rythme et du cadre, le même souffle romantique aussi. Chronique de la fin d’un monde, le film est d’une puissance incroyable, à la fois lyrique et très ancré dans la réalité.
Les premières images sont trompeuses : plans larges sur une nature inviolée et majestueuse, dans laquelle on découvre les trois derniers Indiens Mohicans chassant, en parfaite harmonie avec leur environnement. Comme si rien n’avait changé depuis des générations. Mais c’est bien un monde qui s’effondre que filme Mann : une terre où la guerre entre Français et Anglais vient bouleverser la paix symbolisée par cette belle amitié entre les colons et nos trois Mohicans.
Avec ce film, Mann démontre définitivement qu’il est doué pour mêler la grande et la petite histoire, la démesure et l’intime. Une scène est particulièrement marquante : après avoir sauvé les filles d’un officier anglais, les Mohicans arrivent en vue du fort où ils pensent être à l’abri, et découvrent au loin les lumières d’une canonnade. Images d’une beauté saisissante et glaçante, qui précèdent le chaos.
Au cœur de la violence, Daniel Day Lewis est d’une intensité folle. Le choix de lui faire jouer un Indien (alors que tous les autres le sont par d’authentiques Native Americans) pouvait sembler discutable. Il l’est effectivement pendant 10 secondes avant que l’on se rende à l’évidence : il est formidable, physique comme jamais. Le couple qu’il forme avec Madeleine Stowe est la pierre angulaire du film. Il fonctionne merveilleusement.
Le Dernier des Mohicans est haletant, bouleversant, impressionnant, et simplement beau. Sept décennies après le beau film de Maurice Tourneur, et après une demi-douzaine d’autres adaptations (celle avec Randolph Scott en 1936, notamment, dont le scénario signé Philip Dunn inspire directement Michael Mann), le roman de Cooper est décidément bien traité au cinéma.
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