Docteur Cyclope (Doctor Cyclops) – d’Ernest B. Schoedsack – 1940
Sept ans après Les Chasses du Comte Zaroff et King Kong, Schoedsack signe une autre réussite, certes relativement mineure mais indéniable, sorte de lien improbable entre ses deux grands classiques, entre le fantastique et l’épouvante, entre le film de monstres et le film de savants fous.
Le « cyclope » du titre est de fait un savant visiblement franchement dérangé (Albert Dekker, toujours inquiétant), qui mène de mystérieuses expériences au cœur de la jungle amazonienne, et que rejoint bientôt un petit groupe de scientifiques : un savant quasiment aveugle, qui prend bientôt les allures d’un géant pour ses nouveaux compagnons, transformés en êtres miniatures.
Oui, parce qu’il est question d’un immense gisement de radium, et d’une découverte scientifique du genre de celles qui transforment les scientifiques en dieux. Mais qu’importe : à part l’usage quasiment inédit du Technicolor dans un genre plus habitué au noir et blanc (avec de beaux effets impressionnants qui font oublier les quelques tâches baveuses), l’unique intérêt du film réside dans la confrontation de ces hommes et femmes hauts de 25 centimètres avec leur ennemi et leur environnement hostile.
C’est la raison d’être du film, et le défi est formidablement relevé : entre transparences et décors géants, Schoedsack surmonte les contraintes insondables de son histoire sans jamais cherche ni la facilité, ni l’effet facile. Les trucages, qui restent impressionnants, sont constamment et entièrement au service du rythme et du récit.
On sent que ce sont les trucages qui se plient aux besoins de la narration, et pas la caméra qui répond aux contraintes des trucages, et ça fait toute la différence. Le film est ainsi d’une fluidité rare. Et même si Docteur Cyclope n’atteint pas les sommets des deux grands chefs d’œuvre de Schoedsack, il a tout d’une petite madeleine gourmande pour ceux qui, comme moi, l’ont découvert jeune, sans le revoir durant quelques décennies. Un petit plaisir pas coupable.
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