Désir (Desire) – de Frank Borzage – 1936
Marlene Dietrich a beau avoir affirmé, des années après, que Borzage était bien le réalisateur de Désir, l’ombre de Lubitsch, producteur et réalisateur probable de certaines scènes, plane d’une manière très insistante sur cette comédie romantique sophistiquée et pleine de folie, description qu’on attribue plus volontiers au réalisateur de L’Eventail de Lady Windermere qu’à celui de L’Heure suprême.
Qu’importe finalement, si le film est l’œuvre d’un immense cinéaste… ou d’un autre immense cinéaste. Disons que c’est l’œuvre commune de deux immenses cinéastes, et que même si le film peut sembler mineur dans l’une ou l’autre de leurs filmographies, le plaisir qu’on y prend est immense.
C’est en tout cas une date pour Marlene Dietrich, qui venait tout juste de rompre avec son tout puissant pygmalion Von Sternberg, qui retrouve son partenaire de Morocco Gary Cooper, et qui s’impose pour la première fois comme une grande actrice de comédie, genre que sa carrière américaine ne lui avait encore jamais donné l’occasion d’aborder.
Est-ce un don inné, ou une sorte de naturel auquel elle peut enfin laisser libre court ? La star est absolument formidable dans le rôle de cette voleuse de haut rang qui rencontre un brave type sur la route de ses premières vacances depuis des lustres. C’est le genre de comédies auxquelles on n’associera jamais ni Borzage, ni Dietrich : pleines de rythmes et de folies, de quiproquos et de rebondissements.
Entre romance et aventures, c’est une charmante comédie, bien moins innocente qu’elle n’y paraît. Toute en suggestion, même : dans cet Hollywood dominée par la bien-pensance du code Hayes, il fallait des trésors de suggestion pour évoquer la rencontre de ces deux monstres sacrés, dominée par une tension sexuelle qui ne reste pas à l’état de fantasme. Il suffit de draps froissés, d’allures débraillées et de regards langoureux pour raconter, mieux que n’importe quelle image illustrative, la nuit de passion que ces deux-là viennent de vivre.
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