Sur le velours (Living on velvet) – de Frank Borzage – 1935
Scène d’ouverture : un jeune homme de bonne famille pilote un avion à bord duquel se trouvent sa sœur et leurs parents. La météo est catastrophique, le réservoir est à sec, le jeune homme rassure ses proches sans y croire. L’avion tente un atterrissage forcé, s’écrase. Bilan : trois morts, et quelques égratignures seulement pour le pilote…
Après le très léger Flirtation Walk, Borzage nous calme d’emblée avec cette ouverture choc qui planera massivement sur tout le film. C’est donc l’histoire de ce jeune homme qui a échappé comme par miracle à la mort, contrairement à tous ses proches, et qui n’accepte pas ce miracle, gaspillant sa vie (comme son argent d’ailleurs) parce qu’il a l’impression que ce rab de vie qui lui est offert est aussi utile que du velours…
C’est Borzage quand même, donc le gars, joué par George Brent, va être sauvé par l’amour: celui de Kay Francis, ces deux-là tombant raide dingue l’un de l’autre dès le premier coup d’œil. Littéralement. Le film pourrait d’ailleurs presque s’arrêter là, au bout de dix minutes, si la belle n’était pas plus ou moins promise au meilleur ami de Brent, joué par Wallen William. Un type formidable, ce William, prêt non seulement à se retirer pour laisser le vrai amour s’épanouir, mais aussi à tout faire pour les aider.
Le plus beau dans ce film, c’est la manière dont Borzage filmer l’apparente nonchalance de George Brent, un type totalement paumé depuis l’accident qui a causé la mort de tous ceux qu’il aimait, et qui a l’élégance de paraître joyeux à chaque instant. Un contraste particulièrement touchant lorsque le regard pas dupe de Kay Francis se pose sur lui, d’une tendresse infinie.
Living on velvet, c’est aussi l’éloge du silence et du babillage. Les couples se forment en parlant du temps qu’il fait, la nature de la conversation a moins d’importance que le son de la voix. D’ailleurs, les silences ne sont jamais gênés entre deux êtres qui ne demandent rien d’autres que d’être ensemble. Il ne se dégage pas du film les torrents d’émotion des plus grands chefs d’œuvre borzagiens. Mais Living on velvet séduit par sa retenue, sa bienveillance et sa simplicité.
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