Titanic (id.) – de Jean Negulesco – 1953
… Et à la fin, le bateau coule. Il y a quelque chose de fort qu’apporte d’emblée l’utilisation du plus célèbre des naufrages: un sentiment tragique d’inéluctabilité. On sait dès le début que la tragédie est au bout du film. Cette connaissance du drame annoncé pèse dès la première scène, transformant des moments qui pourraient être rigoureusement anodins en moments bouleversants.
Jean Negulesco ne souligne d’ailleurs pas à l’excès les enjeux dramatiques qui s’enclenchent, notamment lorsqu’il filme le personnage de Clifton Webb achetant à prix d’or son billet à un pauvre émigrant, le séparant ainsi de sa femme et de ses enfants qui, eux, montent bel et bien sur le bateau. Il n’a pas besoin de le souligner : cette séparation forcée, même avec des personnages très peu présents à l’écran, pèse lourdement sur tout le film, procurant un malaise tenace.
Cette courte scène du début illustre parfaitement l’approche de Negulesco, qui filme ses personnages sans jamais en rajouter dans le pathos, mais avec une vérité qui instille une émotion profonde et une terrible angoisse.
Superbe film, qui répond au schéma habituel du film catastrophe (une longue exposition qui permet de développer diverses intrigues, avant la catastrophe elle-même, spectaculaire), mais avec une vérité et une force émotionnelle rares, centrée sur un drame familial aussi simple que bouleversant.
Le couple Barbara Stanwyck / Clifton Webb est assez formidable, et la reconstitution a beau ne pas avoir l’ampleur ni le sens du détail (et du gigantisme) du film de Cameron, ce Titanic là a un souffle au moins aussi puissant.
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