Allen in movieland (id.) – de Dick McDonough – 1955
Voilà une curiosité dans la carrière de Clint Eastwood. 25 ans, sous contrat à la Universal depuis quelques mois, Clint venait alors de décrocher sa première panouille à l’écran dans La Revanche de la créature (sorti trois mois plus tôt dans les salles américaines). Et il fait ici sa toute première apparition télévisée, dans un programme destiné à promouvoir les dernières productions de la Universal.
Intéressant à plus d’un titre, ce programme démontre d’abord qu’à l’époque, on ne se contentait pas de diffuser les bandes annonces. Allen in movieland met en scène Steve Allen, vedette de la télévision choisie pour incarner Benny Goodman dans un biopic, que l’on voit découvrir les studios dans une série de scènes humoristiques.
Il y croise de nombreuses vedettes maison : Tony Curtis qui répète des cascades de son nouveau film (Les Années sauvages), Audie Murphy qui évoque son film autobiographique L’Enfer des hommes, Piper Laurie qui pousse la chansonnette, ou encore Jeff Chandler. Ce dernier présente son dernier film (La Muraille d’or avec Jane Russell), prouve qu’il a un beau timbre de voix… et devient le premier à prononcer le nom de Clint Eastwood à l’écran !
Le narrateur du programme explique le fonctionnement du studio, et notamment la politique visant à prendre des jeunes talents sous contrats pour les former (et les avoir sous la main). C’est ce que connaît Clint à cette époque, et le voilà jouant les utilités auprès de deux autres jeunes acteurs (Rex Reason et Grant Williams) dans un court métrage adapté de Bright Victory.
Il y est d’ailleurs très bien, même si son rôle n’est qu’un contrepoint à ceux de ses deux comparses : un jeune soldat devenu aveugle qui s’en prend amèrement à l’officier qui tente de l’aider, sans réaliser que ce dernier a lui-même perdu la vue. Un simple observateur, à l’exception d’une réplique percutante qui « ouvre les yeux » du jeune soldat.
Comme un petit signe du destin : ce passage est suivi par un numéro dansant sur la musique de « That all black magic », chanson de Harold Arlen et Johnny Mercer que Clint Eastwood utilisera quelques décennies plus tard dans Minuit dans le jardin du bien et du mal (chantée alors par Kevin Spacey).
Et puis, pour ce grand amoureux de jazz, cette expérience a dû être marquante : dans la scène finale de Allen in movieland, tout le cast se réunit autour de Steve Allen et de Benny Goodman lui-même, qui se lancent dans un duo piano-clarinette. On y voit très clairement Clint Eastwood dodelinant de la tête et affichant un large sourire derrière l’épaule de Goodman. Classe.
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