Complot à Dallas (Executive Action) – de David Miller – 1973
« Y a-t-il eu vraiment conspiration ? Nous ne saurions nous prononcer sur la question… » Ah ! ces phrases toutes faites. En abordant frontalement l’assassinat de JFK, ce film ne laisse pourtant guère de doute à l’interprétation : complot il y a eu, et c’est au cœur de ce complot qu’on nous entraîne, au plus près des conspirateurs, petit groupe d’hommes de l’ombre influents qui voient en la famille Kennedy une menace durable sur l’Amérique, et leurs intérêts.
Cette thèse en vaut bien une autre. Mais le parti-pris est à la fois trop simple, et très étonnant : c’est à la mise en place du complot que l’on assiste, d’une manière totalement linéaire, brute et mécanique, à peu près sans aucune zone d’ombre. C’est étonnant, parce que ce parti-pris pose plusieurs problèmes d’un point de vue cinématographique, et donc de l’intérêt que suscite ce sujet pourtant passionnant en soit.
Premièr problème : on connaît la fin. Sans vouloir spoiler, disons que le complot va fonctionner, et que JFK va bel et bien être assassiné, un certain 22 novembre à Dallas. Oui, ça n’a l’air de rien, mais ça enlève du coup tout enjeu dramatique au truc. Dans son JFK, Oliver Stone prendra un parti-pris radicalement différent, l’assassinat étant le point de départ du truc. Pas d’enquête ici, mais un simple déroulé des faits dont le principal intérêt est de voir comment les faits connus sont intégrés à la théorie du scénario.
Deuxième problème : le film adopte le point de vue de conspirateurs, d’hommes froids et calculateurs pour qui la violence et le meurtre sont des solutions « normales ». Difficile de s’attacher à quelque personnage que ce soit. Sans doute la perception a-t-elle changé depuis 1973. A l’époque, dix ans tout juste après les faits, le film de David Miller était le premier à remettre ouvertement en cause les conclusions de la commission Warren. Ce simple fait suffisait sans doute à rendre le film spécial. En 2019, ça ne suffit clairement plus.
Pas désagréable, mais froid et impersonnel, pour le coup. A l’image de Robert Ryan, dans l’un de ses derniers rôles, qui se contente de traverser le film sans avoir l’air réellement impliqué. A vrai dire, seul Burt Lancaster réussit à insuffler un petit quelque chose d’humain à son personnage. Par petites touches, il suggère un lourd passé et une violence latente qui emporte tout, y compris sa propre santé. Sans pour autant chercher à le rendre sympathique ou attachant. Même dans un film moyen, Burt est grand.