Youth runs wild (id.) – de Mark Robson – 1944
Pas inintéressant, mais franchement lénifiant, cette série B de propagande dont le message clairement affiché est à lui seul une originalité. En substance : les hommes sont partis à la guerre, les femmes travaillent pour la nation, et pendant ce temps, qui veille sur les jeunes, livrés à eux-mêmes et aux dangers de la société ? Hein ? Qui ?
Eh bien oui, pas grand-monde, et du coup l’Amérique des grandes villes se transforme en zone à risque pour tout mineur qui ose franchir les frontières rassurantes du foyer familial. Raconté comme ça, c’est un peu too much. Et ça l’est effectivement, mais d’une drôle de manière rassurante et finalement très politiquement correcte.
On a bien un bon fils de bonne famille qui se laisse embarquer par une bande de vauriens, mais ces vauriens ont bon cœur au fond. On a bien une fille mal aimée par ses parents qui finit par se faire la malle pour bosser comme entraîneuse dans un bar pour adultes, mais son amoureux est là qui guette, et les clients ont trop de respect pour les amours adolescentes pour venir mettre tout ça en danger.
Alors oui, les bons sentiments dominent d’une manière trop évidente, jusqu’aux dernières images à l’euphorie ahurissante : tous les drames traversés sont effacés par un soudain vent d’optimisme et des sourires rayonnants. C’est qu’en cette période de guerre, il ne s’agit pas de plomber le moral du spectateur…
Tout ça commençait pourtant par quelques promesses nettement plus sombres. Et plus convaincantes, disons-le. Le film s’ouvre ainsi sur un plan prémonitoire montrant un camion détruire un panneau incitant les voitures à faire attention aux enfants dans un quartier résidentiel. Et continue par le retour dans la maison familiale d’une jeune mère au regard triste, qui attend des nouvelles de son mari gravement blessé au front. Puis par les premiers signes de déscolarisation de l’enfant prodigue…
Même signé par le grand John Fante, le film reste sage, très sage. Même produite par Val Lewton et réalisée par Mark Robson (tandem à qui on doit des séries B nettement plus convaincantes, comme La 7e victime), cette petite production reste anonyme, trop. Le sujet méritait sans doute quelque chose de plus inconfortable que ce petit film sympathique et agréable. On aurait préféré choc et dérangeant.
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