Passage interdit (Untamed Frontier) – de Hugo Fregonese – 1952
Un western signé Hugo Fregonese : l’assurance d’un bon film avec son lot de surprises et une vraie tension. Pas manqué : ce Passage interdit a beau cumuler les thèmes les plus courants du genre, il le fait avec ce petit quelque chose qui fait la différence. Et avec style, et efficacité.
On a donc droit à l’éternelle opposition de deux faux frères dont le plus légitime est aussi le plus odieux (Scott Brady, impeccable face à un Joseph Cotten plus marmoréen que jamais). Et aussi l’opposition d’une grande famille de propriétaires terriens face à de modestes éleveurs qui réclament leurs droits à la terre.
Bref, rien de bien original a priori, sauf que toute l’intrigue est racontée du point de vue de la puissante famille, donc des méchants pour faire simple. Et que simple parti-pris met franchement à mal la notion de bons et de méchants.
Et pour ça, la prestation de Cotten est à peu près idéale. Fermé, désagréable, obtus… c’est ainsi qu’il apparaît dans la première partie du film, où il ne fait que quelques apparitions, dans l’ombre du flamboyant Scott Brady. L’image même du sale type, en fait, dont on découvre tardivement l’humanité quand la caméra se focalise plus longuement sur lui.
En révélatrice de ce changement, et en fil rouge de l’histoire, Shelley Winters est elle aussi parfaite, à la fois victime et femme forte, le trait d’union entre une Clementine et une Chihuahua en quelques sortes (revoyez La Poursuite infernale !).
Fregonese n’oublie ni la violence, ni la cruauté des sentiments, à travers des relations « familiales » sous haute tension : entre les deux cousins, entre le père et son fils, et surtout entre le mari et la femme. Drôle de mariage et drôle de famille parfaite, amers, cruels et cyniques, dont on sent que la possible harmonie retrouvée passe obligatoirement par la mort.
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