Halloween 2 (id.) – de Rick Rosenthal – 1981
Voilà un parti pris plutôt rare : Halloween 2 reprend très exactement là où Halloween premier du nom se terminait. Pourquoi pas : le final du film de Carpenter s’y prêtait parfaitement. Sauf que cela pose d’emblée une difficulté insurmontable : en faisant de cette suite une vraie deuxième partie se pose immanquablement la question du style, et de la comparaison entre les deux réalisateurs.
Ce problème, le monteur du premier film Tommy Lee Wallace l’avait pressenti, refusant la mise en scène qu’on lui proposait (il fera ses débuts derrière la caméra avec Halloween 3). C’est donc Rick Rosenthal qui s’y colle. Et si le résultat est fort honorable, il n’atteint jamais les sommets du Carpenter, chef d’œuvre d’élégance et d’efficacité. Rosenthal, lui, se contente tant bien que mal de s’inscrire dans la continuité, contraint il est vrai par un Carpenter omniprésent sur le tournage.
Ecrit par Big John lui-même et sa comparse Debra Hill, Halloween 2 ne manque pas d’idées, tout en étant conscient de ses propres limites. Privée de l’effet de nouveauté, cette suite joue ainsi nettement la carte de la surenchère, multipliant les meurtres (trois fois plus que dans le premier) et les manières de trucider son prochain. C’est que, depuis 1978, la mode du slasher s’est développée, et qu’il faut désormais offrir au spectateur ce qu’il attend : toujours plus, plus de frissons, plus de sang, plus de gore.
Il y a quand même une belle idée dans ce scénario, qui évite le côté en redite en déplaçant mine de rien l’action au cours d’une première partie très habile. Durant ces premières minutes, la caméra traverse la petite ville d’Hadonfield, pour nous conduire vers cet hôpital d’où on nous ressortira quasiment plus, devenant un lieu d’angoisse particulièrement oppressant, assez bien utilisé.
Cette première partie permet aussi de renouer avec les personnages du premier film, d’en écarter certains (le shérif, trop occupé par son deuil), de renouer avec un Docteur Loomis plus déterminé que jamais (Donald Pleasance, toujours réjouissant dans ses excès), et de placer définitivement Laurie Strode au cœur de l’action, mais dans une position ouvertement passive (Jamie Lee Curtis, alitée la plupart du temps).
Avec quelques surprises scénaristiques plus ou moins heureuses, quelques beaux plans (le masque de Myers sortant de l’ombre, ou encore les larmes de sang), le thème musical de Carpenter qui assure le frisson… Bien sûr, il manque les travellings magnifiques du premier film et le tempo délibérément lent du premier film, mais cette première suite est une réussite.