Né pour tuer (Born to kill) – de Robert Wise – 1947
Une jeune femme découvre les cadavres d’un couple qui vient d’être assassiné, et décide de quitter la ville plutôt que d’alerter la police. Le même soir, elle a rencontré un homme étrange, inquiétant mais séduisant qu’elle retrouve bientôt, sans savoir que c’est lui le meurtrier…
Voilà une intrigue pleine de promesses pour ce petit film noir tourné pour la RKO par le jeunot Robert Wise, qui enchaînait alors les petites productions sympathiques à défaut d’être géniales. Ce noir-ci n’est pas plus génial que les autres: pas toujours tout à fait convainquant, le scénario enchaîne les approximations et les facilités.
Voir les deux personnages principaux contraints de se croiser et de se retrouver immanquablement pour la seule raison qu’ils sont dans la même ville (Reno d’abord, puis San Francisco, déjà de belles bourgades, pourtant) a quand même un petit côté foutage de gueule à peine dissimulé…
Mais il y a aussi une vraie originalité, voire une authentique méchanceté qui surprend et séduit, dans ce polar qui commence comme un suspense assez classique, pour se diriger vers quelque chose d’un peu différent, plus audacieux, moins correct, plus hargneux : une sorte de fascination du Mal qu’incarne parfaitement Claire Trevor, actrice décidément géniale, elle.
Il fallait une actrice comme elle pour que ça fonctionne, une actrice capable d’être douce et dure à la fois, romantique et dangereuse, victime et coupable. Une grande actrice, donc, à qui un grand réalisateur aurait pu réserver un écrin encore plus troublant et fascinant avec ce beau personnage.