Johnny English (id.) – de Peter Howitt – 2003
Qu’il découvre le goût particulier d’un oursin dans un restaurant japonais, ou qu’il sorte d’un conduit d’évacuation couvert de merde en lançant un « Voyons, ce n’est que du caca! », il ne perd jamais une dignité inattendue, ce Johnny English, copie un rien dégradée de 007. Une copie forcément très maladroite : lorsqu’il tente de faire comme son modèle qui ne ratait jamais le porte-manteau en lançant son chapeau, lui passe à un bon mètre de sa cible et balance son pardessus à travers la fenêtre ouverte.
Johnny English, c’est l’autre personnage de Rowan Atkinson, éternel Mr. Bean, qui prouve que son talent comique passe aussi par le langage. Même s’il n’est jamais si drôle que lorsqu’il se contente de lâcher une flûte de champagne et de casser le pied de la suivante, en l’arborant avec toujours cette dignité qui ne le quitte pas. Ou lorsque sa cravate se prend dans un passe-plats automatique. Ou qu’on le voit piétiner le cercueil d’un vrai défunt pensant mettre la main sur des truands.
Non, Johnny English ne révolutionne pas le cinéma comique, pas plus qu’il n’invente quoi que ce soit. Tout est très attendu : dès que l’on voit un faux archevêque dévoiler un tatouage sur ses fesses, on comprend que notre espion maladroit finira par déculotter le vrai archevêque en public et à se couvrir de honte. Toujours à côté de la plaque, comme lorsqu’il saute en parachute sur le mauvais building. Mais avec dignité, toujours.
Il n’y a à vrai dire qu’une seule raison d’être à ce film : Rowan Atkinson, qui est de toutes les scènes, et l’unique ressors comique de l’entreprise. Amplement suffisant d’ailleurs : même si son personnage d’agent triple zéro est un rien plus convenu que son alter ego Mister Bean, il reste franchement irrésistible. Et le reste ? Natalie Imbruglia est bien jolie, et John Malkovich est comme toujours : insupportablement prétentieux en surjouant un accent français à couper au couteau. Même dans une comédie aussi potache, il lui faut en rajouter des tonnes dans le registre « je suis un grand acteur de composition ». Hélas.