Sabrina (id.) – de Billy Wilder – 1954
Ça commence avec un clin d’œil amusé à Rebecca : la voix off d’une jeune femme, devant une demeure somptueuse. Le titre-prénom, déjà faisait référence au chef d’œuvre d’Hitchcock, dont Sabrina reprend la situation de départ : une jeune employée très romantique est séduite par un homme richissime.
Mais très vite, on réalise que la principale inspiration de Billy Wilder, ce n’est pas Hitchcock, mais Lubitsch, encore et toujours. Lubitsch à qui son plus fidèle disciple a repris son obsession des portes : lorsque Bogart quitte une pièce, ce n’est pas en franchissant une porte, mais trois !
Rien de dramatique ne risque d’arriver, dans ce film ouvertement bienveillant, on en est très vite convaincu. Même la tentative de suicide de Sabrina, par laquelle tout commence vraiment, est filmée comme une pochade source d’amusement, à ne surtout pas prendre au sérieux.
C’est donc Wilder dans sa veine la plus légère. Et c’est du grand Wilder, aérien et solaire, qui filme un inoubliable triangle amoureux. Et quel triangle ! Audrey Hepburn, craquante comme jamais ; William Holden, merveilleusement inconséquent ; et Humphrey Bogart, dans son rôle le plus romantique. Dans un registre a priori à contre-emploi, il est impérial, formidable en homme d’affaires dont la carapace se fendille imperceptiblement mais sûrement.
Wilder aime ses personnages. Tous, jusqu’aux moindres seconds rôles. Le père de Sabrina et celui des Larrabee surtout, irrésistible avec ses cigares et ses cocktails. Mais aussi les autres, ceux qui n’ont qu’une ou deux scènes, et que Wilder filme avec… oui, avec bienveillance, encore une fois.
Sabrina est une bluette. Mais une bluette merveilleuse, un film léger comme une bulle de champagne, comme on dit souvent des films de Lubitsch. Un film dans lequel Wilder s’autorise une pub inattendue pour 7 ans de réflexion, que ses personnages vont voir au théâtre… et qui est le film qu’il tournera juste après.
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