Le BGG, le Bon Gros Géant (The BFG, The Big Friendly Giant) – de Steven Spielberg – 2016
Finalement, Spielberg n’aime rien tant que le grand écart. Après le très sombre Minority Report, il avait enchaîné avec le lumineux Arrête-moi si tu peux. Entre deux Jurassic Park, il avait tourné La Liste de Schindler. Après le très adulte et très intense Le Pont des Espions, voilà qu’il revient à un cinéma ouvertement tourné vers l’enfance : l’adaptation d’un classique de la littérature jeunesse, dont le personnage principal est une fillette.
Inattendu à ce stade de sa carrière ? Pas tant que ça. Certes, Spielberg est devenu avec le temps le plus grand des grands cinéastes classiques du moment. Mais son il a aussi une tendance de plus en plus marquée depuis une dizaine d’années à se retourner vers la genèse de son œuvre et vers ses rêves de jeunesse : les concrétisations de Lincoln et Tintin, deux projets de très longue date, en sont une forme. Ready Player One et le retour annoncé d’Indiana Jones en sont d’autres.
Reste qu’on n’attendait pas forcément Spielberg dans l’univers de Roald Dahl, qui semblait d’avantage taillé pour un Tim Burton (Charlie et la chocolaterie). Et qu’on se demandait un peu comment il allait s’en tirer. Techniquement et artistiquement, on lui faisait confiance, mais le roman est court, et direct. Comment donc en avait-il tiré un film de près de deux heures ?
Eh bien en rajoutant une foule de détails qui, loin de délayer inutilement l’histoire, renforcent joliment l’histoire et l’émotion, en restant fidèles à l’esprit de Roald Dahl. Le film est donc un beau récit sur l’enfance, un rien naïf : l’histoire d’une orpheline enlevée par un gentil géant, et confrontée à d’autres géants nettement moins sympathiques.
Dans la filmographie de Spielberg, et particulièrement dans sa filmo récente, Le BGG est une petite chose bien mineure. Mais visuellement, c’est une grande réussite, grâce en partie à la superbe photo de Janusz Kamiński, le chef op attitré de Spielberg depuis … Schindler, qui donne une chaleur et un aspect proche du rêve éveillé à ce film.
Mais le meilleur dans ce film, c’est peut-être Mark Rylance. Déjà à l’affiche du Pont des Espions, l’acteur est méconnaissable, transformé par la technique de la motion capture en géant disproportionné. Mais ses mouvements indéfinissables, à la fois lourds et aériens, et sa manière de prononcer les mots imaginés par Dahl représentent la meilleure des plus-valus du film par rapport au livre. Voir le film en VF serait, pour le coup, une erreur.
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