MI5 demande protection (The Deadly Affair) – de Sidney Lumet – 1966
Décidément plein de bonnes choses à découvrir, dans la filmographie très éclectique de Lumet : des pépites oubliées, souvent, dont cette adaptation d’un roman de John Le Carré fait clairement partie. Le Carré-Lumet : la rencontre entre ces deux-là donne un film sombre et brillamment retors.
Lumet fait sien le style du romancier. La complexité de l’intrigue est donc un prétexte pour plonger de plus en plus profondément dans la noirceur des personnages, pour se confronter à leurs démons et à leurs tourments, mais aussi pour découvrir le vide abyssal de leurs existences, enfermées par l’absurdité de ce monde de l’espionnage, loin, très loin des exploits des espions de cinéma.
Dans le genre, le personnage joué par James Mason est pas mal. « Maître espion » vivant sur le souvenir de ses glorieuses années de guerre (durant lesquelles ses actions avaient un sens évident et tangible), et transformé depuis en fonctionnaire sans cause à défendre. Sans même mentionner sa vie personnelle, tourmenté par une femme aimante mais volage (Harriet Anderson).
L’image monochrome, grise et froide, souligne parfaitement ces vies sans joies, sans espoirs et sans sens, sentiment renforcé par des cadrages serrés, donnant une impression constante d’étouffement.
Et ce ne sont pas les rencontres de Mason qui vont changer la donne : un ex flic vivant seul entouré d’animaux, une veuve rescapée des camps et abîmée par la vie (Simone Signoret, dans un très beau rôle), ou encore un père bigame et alcoolique… Il y a bien ce personnage d’espion très tactile qui appelle James Mason « dear », créant une fausse proximité qui ne fait que rajouter au trouble.
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