Violette Nozière – de Claude Chabrol – 1978
C’est assez fascinant de voir à quel point Isabelle Huppert vampirise ses personnages, quels qu’ils soient. Ou plutôt comment sa présence mystérieuse irrigue tous les films dont elle est la vedette. C’est le cas de ce très beau Violette Nozière, l’une des grandes réussites de Chabrol.
L’histoire, vraie, de Violette Nozière est importante, bien sûr. Mais Chabrol en fait un sujet bien plus vaste. C’est toute une France, toute une société, qu’il dépeint. Une époque : celle qui prépare les horreurs de la seconde guerre mondiale. Et celle de Français moyens aux vies exiguës et étouffantes, et que Chabrol n’épargne pas plus que les bourgeois, sa cible éternelle.
Ce n’est pas si courant dans son cinéma : ce Chabrol-là évite toute linéarité, privilégiant une habile construction en flash-backs qui contribuent à renforcer le mystère et le malaise autour du personnage d’Huppert.
Dans les rôles des parents de Violette, Jean Carmet et Stéphane Audran sont parfaits. Ils incarnent parfaitement cette éducation castratrice, d’autant plus étouffante et angoissante qu’ils échappent à toute caricature. Plutôt attachants, même, finalement.
Quant à Isabelle Huppert, elle est inoubliable, visage insondable derrière lequel on ne sait jamais vraiment si c’est une lueur d’innocence ou une froideur sans nom qui se dégage. Elle incarne si bien le cinéma de Chabrol qu’il est surprenant que ces deux-là aient attendu dix ans pour se retrouver après cette première collaboration. Ce sera pour Une affaire de femmes, une sorte de film-jumeau de Violette Nozière. Après ça, ils ne se quitteront plus.