Soudain l’été dernier (Suddenly, last summer) – de Joseph L. Mankiewicz – 1959
Ah ! la famille… Ses petites querelles, ses papouilles au coin du feu… Mouais… Pas franchement la tasse de thé de Tennessee Williams qui, une nouvelle fois, dresse un portrait absolument terrifiant du « cocon familial ».
Au cœur de ce film, adapté par lui-même de sa pièce : une jeune femme trop belle internée après avoir, apparemment, perdu la raison l’été précédent, lorsque son cousin avec qui elle était en vacances est mort dans de mystérieuses conditions qu’elle a oubliées.
Sa richissime et toute puissante tante, qui vit dans l’illusion des relations qu’elle avait avec son fils chéri, a envie de tout sauf d’entendre ce que la nièce pourrait avoir à raconter. Alors elle fait miroiter une somme exorbitante pour convaincre un chirurgien de pratiquer une lobotomie sur elle. Mais le doc a une priorité inattendue : savoir.
Curieux film, cruel, envoûtant, mais aussi très bavard, qui conserve la structure de la pièce, en actes clairement séparés. Avec un casting trois étoiles : Montgomery Clift, Katherine Hepburn, Elisabeth Taylor. C’est elle, dans un rôle aussi fort que celui de La Chatte sur un toit brûlant, qui donne au film ses plus belles scènes.
La dernière, surtout, filmée de près par Mankiewicz, qui révèle la pureté et l’intensité troublante de l’actrice. Mais pas seulement : se laissant aller dans les bras du doc, ou devenant la proie de pensionnaires plus que troublés par l’apparition de cette femme d’une beauté insolente, elle est bouleversante.
Face à elle, Katherine Hepburn fait presque figurine de cabotine, même si elle est aussi très intense, en particulier dans sa première séquence, incroyable, qui s’apparente à un (très) long monologue halluciné. Interminable tirade sur le papier, que la mise en scène fluide de Mankiewicz rend étonnamment cinématographique.
Quant à Montgomery Clift, il semble tristement diminué, et comme sous l’effet de médicaments, traversant le film comme un témoin très peu bavard, catalyseur plus qu’acteur à proprement parler. Mais c’est par lui qu’avance « l’enquête », et surtout se révèle la vérité des personnages.
Une vérité qui passe par de petits détails, que Mankiewicz filme avec une délicatesse et une intelligence de chaque plan. Dès le tout début, avec cette poupée brandie par une femme internée, puis laissée de côté après sa lobotomie. Un simple détail qui dit mieux que tous les longs mono/dialogues à suivre la cruauté de ces destins brisés.
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Ce film à l’air incroyable ! J’ai vraiment envie de le voir !
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