Désir sous les ormes (Desire under the elms) – de Delbert Mann – 1958
Le mot « académique » aurait pu être inventé pour cette adaptation d’une pièce d’Eugene O’Neill, histoire tragique et sulfureuse qui, à l’écran, donne un film tiède et poussif.
L’histoire est suffisamment forte pour que l’émotion affleure par moments, surtout lorsque le drame qui s’annonce devient si évident qu’on a bien envie de baffer ce pauvre Anthony Perkins : ce que s’apprête à commettre Sophia Loren, le regard vaguement fou, est tellement clair que c’en devient gênant…
Sur le papier, il y a de quoi s’enthousiasmer pour cette histoire d’amour et/ou d’attirance sexuelle entre deux êtres trop seuls : le fils plein de colère d’un vieux fermier autoritaire, et la très jeune femme de ce dernier. Sur le papier seulement, parce qu’en guise de tension sexuelle, on n’a droit qu’à quelques scènes très explicatives visuellement très jolie (le noir et blanc est séduisant, et le cadre soigné), mais aussi très sage. Même les rares baisers entre les deux vedettes sont d’une rare froideur.
Sophia Loren, actrice quand même très limitée, et Anthony Perkins, bon acteur mais dépourvu de la sensualité troublante d’un Brando, ne sont sans doute pas les meilleurs choix pour ces rôles forts. Et si Burl Ives est impeccable dans un rôle taillé pour lui, il ne surprend, justement, jamais vraiment.
Tourné quasiment intégralement en studio, le film ne sonne jamais totalement juste. Même la neige artificielle ressemble… à de la neige artificielle. Sans doute Delbert Mann n’est-il pas lui non plus le meilleur choix pour un tel sujet, dont on ne peut qu’imaginer ce qu’en aurait fait le Kazan d’Un tramway nommé Désir. 60 ans plus tard, on se contentera de découvrir la pièce originale.