Mosquito Coast (The Mosquito Coast) – de Peter Weir – 1986
Après l’excellent Witness, Peter Weir et Harrison Ford rempilent pour ce beau film d’aventures et d’obsession, qui fut l’un des seuls échecs publics de Ford durant cette décennie incroyable pour lui (deux Star Wars, trois Indiana Jones, un classique absolu de la SF, jetez donc un œil à sa filmo). Échec injuste, ne serait-ce que pour l’acteur, dont la prestation est l’une de ses plus intenses.
Américain moyen un peu lunaire, père de famille et inventeur du dimanche, révulsé par la société capitaliste et ses pièges dont il veut se défaire radicalement, il embarque sa femme, ses enfants et une machine de son invention qui fait de la glace sans électricité, direction la forêt vierge où il a acheté une « ville » perdue au cœur de la jungle. Et où il s’emploie à construire une machine à glace géante, qui domine cette micro-société comme une espèce de dieu omnipotent.
Cette aventure a tout du voyage obsessionnel, une sorte d’Apocalypse Now familial qui ne prend jamais le spectateur dans le sens du poil. La symbolique n’est pas légère : plus la famille s’enfonce profondément dans la jungle, plus le père s’enferme dans la folie et l’obsession. Mais Weir est un excellent réalisateur, qui sait tirer le meilleur parti de ses décors (naturels), et qui sait surtout filmer des personnages dans toute leur complexité.
Ford est extraordinaire, donc, mais le pivot du film, c’est son fils, joué par la comète River Phoenix (qui jouera Indy jeune dans La Dernière Croisade), tantôt acteur, tantôt spectateur impuissant au regard bouleversé et bouleversant. Jusque dans ses imperfections, avec ses quelques lenteurs et ses outrances, Mosquito Coast est un film fascinant et déchirant.