Le Marchand des quatre saisons (Händler der vier Jahreszeiten) – de Rainer Werner Fassbinder – 1971
Dans la filmographie de Fassbinder, il y a un avant et un après Douglas Sirk : le réalisateur allemand n’a pas caché que sa découverte du cinéma sirkien l’avait profondément inspiré. Cette filiation se ressent dans ce Marchand des quatre saisons aux couleurs nettement plus vives que l’image habituelle de Fassbinder.
C’est un vrai mélo qu’il signe là, un film sur le désir, et surtout sur les illusions perdues. Son personnage, vendeur à la criée, traverse cette Allemagne des années 50 avec le poids de ce qu’il a été, de ce qu’il aurait pu être, du mépris qu’il inspire à sa propre famille, et des désirs qu’il ne sait pas saisir. De quoi est-il vraiment victime, cet homme perdu dans ses souvenirs ? D’un pays où le matérialisme est la norme, d’une famille qui n’a que dédain pour ce fils qui n’a pas fait fortune, d’erreurs qui continuent à peser sur son destin.
Quelques brefs flash-back mis à part, on ne voit pas grand-chose de ce passé pourtant omniprésent, que l’on sent peser sur le couple au cœur de l’histoire. Ce passé intervient d’une manière particulièrement frappante lors du repas de famille, où les souvenirs claquent littéralement (une belle utilisation du son, tout au long du film), dans une séquence d’une hallucinante violence psychologique.
Le film est cruel, violent, tendre aussi parfois. Mais il est toujours baigné par cette lourde nostalgie et ce sentiment d’échec. Cru et sensuel, mais noir, noir.
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