Au service de la loi (Sergent Madden) – de Josef Von Sternberg – 1939
Le sens du sacrifice, celui de l’écoute, la compréhension, et un cœur gros comme ça… Sternberg n’y va pas avec le dos de la cuillère pour sanctifier les policiers, avec ce portrait d’un petit flic des rues dont le fils tourne mal.
Film à la gloire des forces de l’ordre, Sergent Madden assume complètement ce chant d’amour pour les policiers. « Certains sont durs, d’autres sont plus à l’écoute. Mais la plupart sont de bons flics » lance d’ailleurs le personnage principal, joué par Wallace Beery, très émouvant dans un rôle de bon gars nettement plus complexe et profond que ce qu’il a l’habitude de jouer.
Le simple fait d’avoir réussi ce film est une sorte de miracle. Certes, on n’est pas dans la grande période de Sternberg et de ses très grands chefs d’œuvre de la fin des années 20 et du début des années 30. Marlene est partie vers d’autres cinéastes, et lui a un mal fou à se retrouver. Certes.
Mais malgré tous ses excès, Sergent Madden est un film profondément émouvant. Peut-être parce qu’il parle de sentiments simples et sincères, de liens familiaux, et d’un immense gâchis.
Le film met aussi en scène une étonnante famille recomposée, et les erreurs d’un père bon et aimant, qui croit pouvoir amener son fils naturel sur ses propres traces, et lui faire passer ce goût du sang qui l’habite. Un père qui réalise trop tard que ses vrais héritiers sont les enfants qu’il a adoptés, et pas son fils naturel.
Le style de Sternberg surgit subrepticement à quelques reprises : lorsqu’Eillean (Laraine Day) entre dans une pharmacie et que des ombres se dessinent sur son corps, ou lorsque Denis (Alan Curtis) est coursé par son père (Wallace Beery donc) dans un déchirant face à face.