Jersey Boys (id.) – de Clint Eastwood – 2014
Eastwood, qui ne s’intéresse plus qu’à des histoires vraies depuis dix ans (même Au-delà était inspiré des grandes tragédies récentes), raconte l’histoire d’un groupe qui a cartonné dans les années 50 et 60 : les Four Seasons, et son chanteur vedette Frankie Valli, auteurs de quelques tubes restés célèbres.
Le destin de ces jeunes gens du New Jersey était-il assez extraordinaire pour en faire un film ? Sans doute : la proximité de ses membres avec des parrains locaux, les petits délits qu’ils commettent dans leur jeunesse, ou les querelles d’ego au sein du groupe… Il y a là largement de quoi tirer plusieurs films. L’ami Clint aborde tout ça avec cette modestie et cette simplicité qui le caractérisent dans ses biopics.
On est donc plus du côté de J. Edgar que de Honkytonk Man ou Bird. D’ailleurs, si ces deux films « musicaux » de Clint lui permettaient de rendre hommage aux musiciens qu’il admire, on peut soupçonner que ce n’est pas le cas ici : la musique pop et sirupeuse des Four Seasons est a priori très loin de l’univers eastwoodien.
Alors quoi ? Le biopic n’est-il qu’un prétexte pour faire renaître cette époque, celle de sa jeunesse et de ses premiers pas devant la caméra ? Non content de placer un personnage devant la télévision qui diffuse Le Gouffre aux chimères, Eastwood, grand admirateur revendiqué de Wilder, glisse aussi un extrait de Rawhide, la série qui l’a révélé en tant qu’acteur.
Il manque tout de même un peu de folie à ce film. Quelques scènes sont particulièrement réussies : la répétition dans l’église, toutes les apparitions d’un Christopher Walken rigolard… Mais il manque ce petit grain de folie pour provoquer autre chose qu’un simple petit plaisir confortable. Et puis les répliques face caméra, un peu maladroites, poussent à une comparaison peu flatteuse avec un film comme Les Affranchis.
Finalement, c’est sur la séquence du générique final que le film révèle ce qu’il aurait pu être : là, sur les ultimes images, Clint Eastwood choisit réellement l’imagerie de la comédie musicale, avec un beau sens du rythme. On ne peut qu’imaginer ce qu’aurait pu être le film sur ce mode.
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