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Junon et le paon (Juno and the Paycock) – d’Alfred Hitchcock – 1929

Classé dans : 1920-1929,HITCHCOCK Alfred — 4 mars, 2018 @ 8:00

Junon et le paon

Après Chantage qui marquait joliment le passage du cinéma anglais du muet au parlant, Hitchcock signe son premier film 100 % parlant. L’adaptation d’une pièce de théâtre bien sûr, comme c’était souvent le cas pour les premiers « talkies » : l’histoire en l’occurrence d’une famille qui se débat avec la misère dans un Dublin meurtri par la guerre civile. Rien de bien surprenant, donc, surtout que Hitch lui-même adaptera régulièrement des pièces au cinéma, tout au long de sa carrière.

Sauf que cette fois-ci, il se laisse enfermer dans le piège du théâtre filmé. Après un superbe début, scène de rue où l’excellent Barry Fitzgerald (qu’on ne reverra plus dans aucune autre scène du film, hélas) harangue la foule avec cet incroyable accent irlandais qui fera encore des merveilles des années plus tard dans L’Homme tranquille de Ford, puis une belle scène enlevée et pleine d’humour dans un bar, où l’on découvre quelques-uns des personnages de l’histoire, la caméra s’enferme dans un appartement dont elle ne ressortira plus que brièvement.

Et là, le rythme retombe comme un soufflé. Dans les premières scènes, on retrouvait l’ambition d’Hitchcock, cette caméra mobile constamment à la recherche du détail qui fait la différence, du cadrage dynamique. Brusquement, comme si Hitchcock était occupé à autre chose, la mise en scène se limite durant toute la partie suivante à de longs plans fixes et frontaux que, même dans ses tout premiers films, Hitchcock n’a à peu près jamais utilisés.

Heureusement, Hitchcock se réveille par moments. Sorti de sa torpeur, il rassure et rappelle qui il est, le temps de quelques travellings amorcés par des dialogues évocateurs, qui se dirigent vers le visage torturé en gros plan de Johnny, le fils manchot torturé. En fait, ce sont les coups du sort qui s’abattent sur cette famille qui inspirent le plus Hitchcock, dont la signature est flagrante lorsque l’héritage qu’attend la famille Boyle disparaît soudainement.

Plutôt qu’un simple dialogue explicatif, Hitch se rappelle qu’il fait du cinéma, et pas du théâtre filmé. Il évite de montrer la confrontation pour aborder le sujet par des chemins de traverse, avec le père descendant un escalier comme s’il était ramené aux dures réalités de sa vie, suivi d’un très gros plans sur deux hommes chuchotant entre eux. Le genre de trouvailles qu’Hitchcock développera souvent dans ses grands films à venir, notamment pour les séquences de tribunal.

Hélas, tout n’est pas de ce niveau, loin s’en faut. Le ton de comédie voulu par la pièce originale correspond mal aux aspirations du cinéaste, qui filme platement tous les moments de légèreté. Cette adaptation aurait pu faire de Junon et la paon le Mouchard d’Hitchcock. Raté : le film manque de rythme et ne séduit que par bribes.

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