Ex-lady (id.) – de Robert Florey – 1933
Bette Davis en jeune femme qui refuse de se laisser enfermer dans le mariage et qui affiche une liberté presque insolente. Voilà de quoi enthousiasmer tout cinéphile, et rappeler l’esprit que la belle a fait planer sur Hollywood, ce regard incroyable où se lisait un nombre incroyable de pensées à peine voilées.
Dans Ex-Lady, Bette Davis est une femme qui respire l’amour par tous ses pores, et Florey la filme admirablement, soulignant avec élégance les regards à peine appuyés, les gestes suggestifs… Avec un sommet : cette scène où, d’un simple mouvement de la tête, elle invite l’homme qu’elle aime (Gene Raymond, très bien) à la suivre dans un jardin, s’allongeant devant ses yeux incrédules sur un banc à la vue de tous…
On est en pleine période pre-code bien sûr : une telle scène aurait été impensable quelques mois plus tard. Comme il aurait été inimaginable de voir le mari flirter avec une femme (elle aussi mariée), ou la femme se laisser embrasser par un bellâtre trop entreprenant. Même si une voix quasi-off, sans doute ajoutée après le tournage, vient à la dernière seconde remettre un peu de bienséance dans cette ode à la liberté, Florey va quand même très loin dans la déconstruction du mythe absolu du mariage.
Il signe en même temps une critique assez forte de la société patriarcale, avec cette très belle scène où le père très « digne » reproche à sa fille d’avoir couché avec un homme en dehors du mariage, lui-même se promenant avec une femme… qui n’est pas sa légitime.
Pourtant, c’est une très belle histoire d’amour qu’il filme, avec sa délicatesse habituelle et ce sens du détail qui caractérise ses films. Une enseigne lumineuse qui s’allume de l’autre côté d’une fenêtre, et c’est le cadre habituel du studio qui semble éclater. L’ombre chinoise d’un amant qui se découpe sur le mur de la chambre d’une jeune femme, et c’est toute une nuit d’amour que l’on a l’impression d’avoir vue.
Grand cinéaste modeste et oublié, Florey a tourné ce film au débotté, quasiment sans préparation. Ex-lady est pourtant un très beau film, drôle et émouvant, sur lequel souffle un enthousiasmant vent de liberté. Bette Davis n’y est pas pour rien.
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